La marche pacifique initiée par la «Coordination pour le changement et la démocratie», et prévue pour le 12 février à Alger, a été interdite par les autorités. Aux revendications citoyennes de liberté et de justice, le pouvoir continue d'alterner l'arrogance et la ruse, risquant une nouvelle fois de précipiter le pays dans le chaos. Si les mesures d'apaisement annonçant la levée prochaine de l'état d'urgence et une relative ouverture des médias publics sont positives, elles restent toutefois insuffisantes pour amorcer une transition pacifique et ordonnée vers un Etat de droit, respectueux des libertés et garant des aspirations populaires à la justice sociale. Contre les pratiques autoritaires et liberticides, la soumission n'est pas une fatalité. Pour dépasser la fureur de la violence et de l'émeute sans s'abîmer dans les compromis d'appareils, la résistance pacifique et autonome s'impose comme la voie privilégiée de l'émancipation citoyenne, qui épargnera au pays de nouveaux drames. Elle exige la convergence la plus large des forces politiques et sociales qui aspirent au changement démocratique. Dans la confrontation en cours avec l'alliance du statu quo et de la régression, l'unité d'action passe par la clarification préalable des objectifs pour éviter les impostures, et neutraliser les manœuvres occultes des contestataires avec ordre de mission. Tout en prônant la vigilance contre la récupération de la mobilisation en cours pour des rééquilibrages claniques dans le sérail, le Collectif SOS Libertés décide de s'associer à la marche du 12 février 2011. Le Collectif SOS Libertés appelle les partisans des libertés, collectifs autonomes d'étudiants, femmes, intellectuels, journalistes, artistes, avocats, médecins, cadres … à participer massivement à cette manifestation pour exiger : - La levée immédiate de l'état d'urgence. - Le respect de toutes les libertés proclamées par les pactes internationaux ratifiés par l'Algérie, qu'aucune «spécificité» culturelle, idéologique ou religieuse ne saurait restreindre. - La répartition équitable des richesses nationales, la transparence dans la gestion des affaires publiques et la lutte contre la corruption à tous les niveaux des institutions civiles et militaires. - Le gel des biens de la nomenklatura à l'étranger, notamment en France, en Suisse, aux Etats-Unis et dans les pays du Golfe, et leur restitution à la communauté nationale. - La fin de l'impunité qui protège les délinquants officiels et leurs clientèles. Le Collectif SOS Libertés rappelle au gouvernement son devoir de protection de l'expression pacifique des citoyens ; tout recours à la violence et à la provocation contre des manifestants pacifiques risque d'engager lourdement la responsabilité pénale des donneurs d'ordres. Alger, le 6 février 2011 Contact : [email protected]