Je suis favorable à la convertibilité totale du dinar mais l'Algérie ne réunit pas les conditions à l'heure actuelle. Il faut dire que l'Algérie est secouée par des scandales de corruption, il y a beaucoup d'argent noir et donc si la convertibilité est totale, beaucoup de fonds seront transférés dans des comptes étrangers», indique Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Pour lui, «tant qu'on n'aura pas assaini, tant qu'on n'est pas dans un climat de confiance, tant qu'on n'est pas dans une économie qui se structure correctement, tant qu'on a un secteur informel aussi important, il est illusoire de croire qu'on peut aller vers la convertibilité totale du dinar. C'est tellement risqué». Il soutient que «dans une économie qui se construit, qui n'a pas récupéré toute sa puissance et n'a pas la confiance de tout le monde, on ne peut pas estimer passer à la convertibilité totale. Nous sommes un pays qui importe 75% de ses besoins en alimentation, l'industrie ne réalise que 5% de ce qu'on produit donc on a pas de bons résultats de notre économie». Pour lui, la convertibilité totale du dinar est la liberté de convertir son argent en la monnaie que l'on souhaite sans demander l'avis à aucune institution. Pour l'investissement à l'étranger, dans un régime à convertibilité réduite comme celui de l'Algérie, en passant par la Banque centrale en demandant son accord pour échanger des dinars contre des monnaies étrangères pour créer des activités commerciales à l'étranger. Le président du FCE définit la convertibilité totale comme étant «un élément supplémentaire qui permet aux investisseurs étrangers de prendre le risque d'investir en Algérie, car ils peuvent, en cas d'échec, convertir leurs dinars dans une autre monnaie. Car un investisseur étranger regarde le potentiel du marché, la profitabilité, l'environnement des affaires, choisit un bon partenaire et fait attention aux usages, aux règlements, aux lois commerciales y compris la convertibilité». La convertibilité et les IDE Une convertibilité totale c'est un signal très fort aux investisseurs étrangers. C'est le cas des pays du Golfe, les Emirats ou le Qatar qui sont des places financières inspirant la confiance et ayant bâti leur réputation sur les réserves de change comme nous, mais également sur une monnaie forte mais aussi d'autres facteurs comme la politique économique suivie, la stabilité politique, la rigueur financière et la qualité des investissements réalisés. Ce qui donne une force à la monnaie. Que notre économie se renforce, car nous sommes sous l'emprise du pétrole et du gaz et du marché informel. M. Hamiani dira : «Nous sommes actuellement dans un régime de semi liberté donc on peut transférer pour acheter, pour voyager et pour des soins. Dans une convertibilité totale, on peut tout faire car on a de l'argent en dinar qu'on peut transférer en dollar ou en euro.» Il explique pourquoi c'est aussi difficile de l'envisager dans notre pays en précisant qu'«il y a un gros marché informel et ce marché dans le domaine monétaire se traduit par des milliards qui circulent et qui ne sont pas comptabilisés». Mais, estimée à la moitié de la masse monétaire qui passe par le système bancaire, a-t-il avancé. Ouvrir au niveau des banques la possibilité de transférer librement risque de provoquer une hémorragie de capitaux, bien que l'Algérie pourrait le faire, car elle est pratiquement en position de tête avec des réserves de change estimées entre 150 et 155 milliards de dollars et admettant avoir jusqu'à 60 milliards d'argent noir en circulation ». Or, «cette méconnaissance de la réalité monétaire fait craindre cette convertibilité totale du dinar», a-t-il noté. Pour les éléments subjectifs, M. Hamiani souligne que «pour qu'il y ait une convertibilité, il faut qu'il y ait une confiance en la monnaie locale. En absence de cette confiance, les agents économiques et les citoyens considèrent que le dinar va se dévaluer lentement par l'inflation, que la parité va s'affaiblir dans le temps. Ils fuient alors cette monnaie vers une autre plus stable». Pour lui, «plus une monnaie dévalue plus elle perd de sa parité. La monnaie n'est que le reflet de la puissance d'une économie et illustre la confiance dans son pays et dans son économie ». Concernant, l'investissement à l'étranger, M. Hamiani est «pour que la Banque d'Algérie aille dans ce sens. Comme dans le cas de Cevital qui exporte donc a besoin d'avoir des relais commerciaux, des sociétés pour essayer de faire la promotion de ses ventes et devrait avoir l'autorisation par la Banque centrale de transférer des capitaux pour installer d'autres sociétés à l'étranger ou des points de vente». Il estime que «pour les sociétés qui ont du potentiel et des produits ou des services vendables sur les marchés étrangers, bien évidemment c'est rentable pour elles de s'installer à l'étranger pour renforcer leur position».