Des productions pas forcément attirantes pour ces premières journées d'un festival dont on attend de meilleures copies. Pas de grandes surprises pour les premiers jours du Festival de Berlin (10-20 février). La sélection n'est pas très bonne. La presse, surtout américaine, a fait monter les enchères sur le film d'ouverture True Grit, des frères Cohen, avec ses dix nominations aux Oscars, mais c'est un western mou, vétuste, sans éclat, pas beau à voir. Margin Call, autre film américain en compétition, réalisé par J.C. Chander, sur les malheurs de Wall Street pendant le clash de 2008, est aussi d'une banalité insupportable, très médiocre, rien à voir avec les films très forts d'Oliver Stone sur le même thème. Bien meilleur mais exclu de la compétition, Sing your song, de Susanne Rostock, sur la vie d'Harry Belafonte, est une œuvre qu'il faut pourtant tenir en haute estime. Chanteur, acteur, militant des droits de l'homme aux côtés de Martin Luther King, Harry Belafonte a aussi toujours critiqué la politique extérieure de son pays, y compris aujourd'hui, sous Obama, en Irak et en Afghanistan. Très intéressant aussi le portrait d'une jeune fille de 17 ans, film tourné dans la banlieue de New York à la manière de John Cassavettes : Yelling to the Sky, de Victoria Mahagony, une adolescente américaine entre violence, drogue et famille désunie. Ces deux films sont les seuls qui sauvent un peu la sélection berlinoise de la déprime qui s'ajoute au froid polaire qui règne ici. En effet, deux autres productions déjà visionnées par la presse ne collent pas du tout à l'image qu'on se fait d'un grand festival comme celui de Berlin. Maladie du sommeil, tourné au Cameroun par l'Allemand Ulrich Kohler, ne brille pas par son intérêt ni par sa qualité, c'est supposé être une critique de l'aide occidentale mal utilisée, dilapidée par les Africains. Les ONG font un travail débordant de bonne volonté, tandis que les Africains font preuve de mauvaise conduite… Caricature lourde de bons sentiments et mise en scène sans imagination. Allemagna, coproduction Allemagne-Turquie, passe pour une grosse comédie sur les émigrés turcs en Allemagne, mais dépourvue de la moindre finesse, du moindre humour supportable… On voit bien que la situation du cinéma allemand n'est pas très reluisante vu ce genre de film. Signalons aussi un grand échec argentin : Prémio, film de Paula Markovitch, en compétition et néanmoins sans le moindre intérêt. Fort heureusement, le programme à venir pourrait être plus attachant et totalement différent. Salué encore comme étant le grand cinéaste berlinois, Wim Wenders a filmé Pina, un portrait de la danseuse et chorégraphe Pina Bausch, décédée en 2009. L'acteur anglais Ralph Fienes a adapté pour sa part Corolianus, la pièce de William Shakespeare. Rome du IVe siècle avant Jésus-Christ transposée à l'époque actuelle, avec le dialogue inchangé écrit par Shakespeare en 1607. Ces films, et peut-être aussi d'autres, comme le film de Béla Tarr, vont sûrement nous changer de certaines bluettes pas très drôles qu'on a vues au Berlinale Palast.