Après deux essais expérimentaux réussis, la compagnie El Ghosto a arrêté la première version définitive du café-théâtre, café du bonheur Le gourbi ya mon ami, du dramaturge Ziani Cherif Ayad. Cinq représentations seront données à Alger. Créée en 2005, la compagnie indépendante El Ghosto s'assigne pour objectif essentiel de valoriser le répertoire théâtral algérien, tout en travaillant sur la mémoire. Ainsi, la formation a commencé à travailler dans un premier temps sur des textes algériens de référence dont El Machina, une adaptation de Zenouba, troisième tableau de la pièce Laghoual, elle-même inscrite dans la trilogie Les Généreux de Abdelkader Alloula. Adapté de L'Etoile noire de Arezki Mellal, L'Etoile et la comète est un autre hommage posthume, rendu en 2006, à la plume incisive et poétique de Kateb Yacine.Au cours d'une conférence de presse animée hier au centre culturel Aïssa Messaoudi de la Radio algérienne, le dramaturge algérien Ziani Cherif Ayad a affirmé que l'idée première est de donner des représentations à Alger et à l'intérieur du pays. Nul besoin de scènes mais de lieux conviviaux «Je tente, dit-il, de retrouver l'ambiance du café-théâtre dans laquelle des acteurs de talent comme Rouiched, Mohamed Touri, Sid Ali Fernandel, ou Rachid Ksentini nous accaparaient pour raconter des thèmes sociaux. En compagnie de ma formation, nous œuvrons à faire un théâtre vivant en contact direct avec le public. Il est très difficile de convaincre les responsables des lieux culturels d'organiser une représentation théâtrale dans un café populaire. Il est pratiquement impossible de leur inculquer ce concept.» Selon l'orateur, les responsables ont une idée monolithique du théâtre. Ils sont convaincus que toute pièce de théâtre doit être jouée sur une scène conventionnelle. «Je pense qu'il ne faut pas dépenser de l'argent pour deux ou trois représentations. Le seul lieu qui nous a ouvert les portes et où l'on peut travailler reste le palais de la Culture Moufdi Zakaria. Nous sommes à la recherche d'autres partenaires afin de nous produire ailleurs.» Le dramaturge rappellera à l'assistance que le théâtre ne se fait pas obligatoirement dans une salle en face d'un public, mais il se décline dans différents endroits et dans différentes écritures. Le conférencier est revenu sur le choix de ce café-bonheur. Un café-théâtre nécessite une ambiance populaire, servie avec des acteurs de talent et où la trame de l'histoire brosserait la vie d'aujourd'hui à partir d'anciennes anecdotes. «C'est un théâtre vivant qui demande une certaine exigence esthétique. Ce type de spectacle léger nous aide à travailler n'importe où, tout en veillant à la qualité artistique.» Le café-bonheur se décline en trois spectacles dont Le gourbi ya mon ami, L'agence de là- bas, et Rana h'na. Les quatre rôles principaux seront campés par le ténor de la musique andalouse, Nourreddine Saoudi, Amri Khouane, Mohamed Boualleg et Khalil Aoun. En outre, le conférencier a révélé qu'un travail de débats, de sensibilisation et de découvertes de jeunes talents sera entrepris prochainement avec certaines radios locales. Il sera même question de lancer des master class en direction des jeunes. Il est à noter que la compagnie El Ghosto envisage d'entamer dès le printemps prochain une première tournée à travers quatre wilayas pilotes, dont Oran, Annaba, Constantine et Bordj Bou Arréridj. Mais avant cela, les intéressés pourront découvrir le spectacle Le gourbi ya mon ami les 23 et 24 février de ce mois, à partir de 19h au palais de la Culture Moufdi Zakaria, et du 25 au 28 février à l'auditorium du centre Aïssa-Messaoudi de la Radio nationale.