Un dispositif de sécurité impressionnant a été déployé tôt hier, au niveau de l'université d'Alger. Toutes les entrées menant à l'intérieur du campus Benyoucef Benkhedda étaient sous haute surveillance. Des CNS ont été même dépêchés sur place. Armés de matraques, ils ont bouclé tout le périmètre, interdisant ainsi aux piétons de franchir la zone encadrée. Le grand portail de l'entrée principale de la faculté a été carrément cadenassé. Une seule porte, située à l'extrémité, est restée ouverte, pour permettre aux étudiants, après vérification de leur carte, d'accéder à l'intérieur de l'université. Pourquoi toute cette agitation ? Des étudiants, pour la plupart affiliés à l'Union générale estudiantine libre (Ugel), ont décidé de faire d'hier une journée de protestation à travers des sit-in dans les campus universitaires du pays et ce, à l'occasion de la révision de l'article 4 de la loi du 23 février par le Parlement français. Les étudiants ont dénoncé le contenu de cette loi qui glorifie la présence coloniale française en Algérie. L'article 4 de cette loi indique en effet que les programmes scolaires reconnaissent, en particulier, le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française, issus de ces territoires, la place éminente à laquelle ils ont droit. Lors du sit-in d'hier, les étudiants ont commencé par entonner, à l'aide d'un mégaphone, des chansons patriotiques et scander des slogans hostiles à l'Etat français, en glorifiant la révolution algérienne. Les manifestants ont énuméré, dans la foulée, tous les acquis arrachés par les Algériens, ainsi que les exploits réalisés au prix de multiples sacrifices pour la libération de l'Algérie. Les étudiants ont, en outre, exprimé avec mécontentement leur refus total quant à la conclusion d'un traité d'amitié avec la France sans qu'au préalable, cette dernière ne reconnaisse officiellement les crimes commis contre le peuple algérien durant la période coloniale. « La France doit accepter et reconnaître sa responsabilité politique, juridique et morale dans les crimes abominables perpétrés à l'encontre de la nation algérienne. A cet effet, nous lançons un appel à tous les étudiants ainsi qu'aux forces vives de la nation pour se joindre à nous et soutenir notre action, qui vise à sauvegarder l'identité algérienne et à recouvrer la mémoire collective de notre peuple. » Cependant, les manifestants dans l'élan de protestation ont décidé de porter leur colère dans la rue et ce, en tentant de franchir le portail pour se rendre à l'ambassade de France. Les étudiants ont voulu démontrer aux représentants français qu'il existe une force « qui est le cœur névralgique de l'Algérie, à savoir les jeunes étudiants », qui réagissent et s'opposent énergiquement à leur projet. Néanmoins, l'intervention des forces de l'ordre a fait échouer l'initiative des manifestants. Un jeune affilié au MJS s'en est pris aux manifestants en les accusant de faire de la politique. « Le moment n'est pas opportun pour une telle initiative. Ils vous ont manipulés alors que le pays passe par une phase difficile. Vous voulez déstabiliser le pays », dira-t-il, avant de quitter les lieux suite à l'intervention des policiers.