Le soutien international aux aspirations démocratiques de la région est contredit par le silence à l'égard de la question du Sahara occidental, a déclaré, hier à l'APS, le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari. «Les proclamations de soutien tardif aux aspirations démocratiques des peuples de notre région se voient malheureusement contredites par un silence d'une signification aussi lourde que grave devant la violation des droits de l'homme et des principes et résolutions des Nations unies concernant la décolonisation effective du Sahara occidental, dernier cas de colonialisme en Afrique inscrit sur l'agenda de l'ONU», souligne le représentant sahraoui. Commentant le processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, dont la 6e réunion informelle se tiendra les 8 et 9 mars à La Valette, à Malte, Ahmed Boukhari affirme que ce processus est «dans l'impasse». «Nous avons tout fait pour permettre le succès des efforts engagés par les Nations unies car nous considérons que la voie pacifique est une opportunité historique précieuse offerte aux deux parties et à l'ensemble de la région, pour mettre fin, à l'amiable, à un conflit injuste qui a privé notre peuple de jouir de son droit légitime à l'indépendance», poursuit-il. Pour lui, «l'attitude de la délégation marocaine durant tout ce processus a vidé la négociation de sa logique et de sa finalité». En effet, explique-t-il, «le Maroc empêche le processus entamé sous l'égide de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental», Christopher Ross, d'«atteindre l'objectif que lui a été assigné par le Conseil de sécurité qui est d'arriver à une solution juste sur la base du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance». En outre, regrette le représentant sahraoui à l'ONU, «il est clair que certains membres permanents du Conseil de sécurité, notamment la France, assument une responsabilité particulière dans cette situation. En conséquence, le Maroc considère qu'ils lui ont assuré un degré d'impunité qui lui permet de continuer son occupation illégale de notre pays et son obstruction du processus de négociations». La prochaine réunion informelle, la deuxième à se tenir dans une ville européenne après celle de Vienne en Autriche, en 2009, tandis que les quatre autres ont été organisées à Manhasset (New York), se déroulera sous les auspices de Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario) et les représentants des deux pays observateurs, l'Algérie et la Mauritanie. A rappeler que le Front Polisario et le Maroc ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l'égide de l'ONU, avec quatre rounds qui ont eu lieu à Manhasset, et cinq réunions informelles à Vienne et à Manhasset. En application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté, en décembre dernier, la résolution appuyant le processus de négociation en vue de parvenir à «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental».