La tension était à son paroxysme, hier, au niveau du rond-point Abdelhafid Boussouf, dans la partie ouest de la ville, en allant vers Zeghaïa. Selon nos propres constatations, près de 200 habitants de la cité des Frères Chertioua ont assiégé, entre 8h et 12h 30, le boulevard de la wilaya sur la RN79 reliant Mila à Ferdjioua et la route principale menant au centre-ville. Ils revendiquaient la régularisation des terrains d'assiette sur lesquelles sont érigées les 108 baraques datant de 1985. Ils y ont érigé des barricades avec des pneus enflammés et des branchages de palmiers, rendant impossible tout trafic routier sur ces itinéraires. Les personnes interrogées ont, à l'unanimité, manifesté leur ras-le-bol face à leurs conditions de vie, inhumaines, depuis 26 ans. M. B., la soixantaine, nous a relaté l'étendue de la précarité sociale des résidants: «Depuis 1985, nous logeons dans des baraques qui, pourtant, ont une durée de vie réglementaire de 10 ans. La dégradation de la tuyauterie, l'humidité, le ruissellement des eaux pluviales et l'érosion des murs et de la toiture en amiante sont telles que de nombreux habitants souffrent de cancer et d'asthme.» Et d'ajouter: «Durant ces deux décennies, 10 à 12 personnes sont mortes de ces maladies.» D'autres interlocuteurs ont affirmé que les lieux sont infestés de toutes sortes de bestioles, des rats, serpents, et scorpions. M. A., un autre habitant, jure avoir été mordu à l'intérieur de sa maison par un rat et qu'il a failli y passer.