Le renouvellement électoral des instances du Conseil français du culte musulman et des Conseils régionaux du culte musulman auront lieu en juin l Qui y participera ? Pour quels enjeux ? Pour l'instant, beaucoup de questions restent en suspens. A Lyon, le président Gaci hésite à partir pour un troisième mandat. Lyon De notre correspondant A quelques semaines de l'élection des représentants au Conseil français du culte musulman et aux Conseils régionaux, les cartes semblent brouillées. La Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP) veut se lancer dans la course, après avoir boycotté celle de 2008. Quant à l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), elle a décidé, le 12 février, de ne pas participer, «en l'absence d'une réforme profonde», indique-t-elle dans un simple communiqué. En perspective, un mode de scrutin qui accorderait plus de place à la cooptation. Aujourd'hui, le nombre de délégués votants dépend du nombre de mètres carrés des lieux de culte, sans tenir compte du nombre de fidèles ou de l'importance des mosquées. Pour Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, cité par Le Progrès de Lyon, «notre volonté de participer à l'élection est intacte, mais il faut que le scrutin se déroule de manière équitable et démocratique. Nous ne voulons pas être humiliés !». En langage décodé, selon certaines sources, ne pas être «humiliés», signifierait simplement être certain d'obtenir la présidence de «sept ou huit régions». Pour cela, il faudrait notamment la conclusion d'accords entre la FNGMP et le Rassemblement des musulmans de France (RGM), majoritaire lors du dernier vote de 2008, et dont est issu l'actuel président, le Marocain Mohamed Moussaoui, vice-président du RGM. Les régions à forte population algérienne seraient concernées, comme Lille, Marseille ou encore Lyon, cette dernière étant tenue depuis 2005 par l'Algérien Azzedine Gaci, membre de l'UOIF. Pour lui, en l'état actuel de ce marché qui serait établi entre organisations, il ne solliciterait pas un troisième mandat. «Pour l'instant, je réfléchis», affirme-t-il, avant d'annoncer sa décision. La réflexion face à la nouvelle donne n'est pas la seule raison, la deuxième est d'ordre matériel et organisationnel : à quoi sert le Conseil musulman et de quels moyens est-il doté ? Evidemment, on ne peut pas détailler dans ce court article ce qui a été fait et ce qui reste à faire. La question reste entière malgré tout : si le gouvernement français a souhaité disposer de cet interlocuteur qu'il a créé, quel est réellement son objet ? C'est ce que nous a dit le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane : «Avoir l'ambition de gérer les conseils régionaux c'est bien, mais il faut savoir mesurer ce qu'on peut assumer ensuite.» Il ne sait pas lui-même s'il présentera sa candidature, mais face à cette échéance, il s'interroge : «Il y a beaucoup d'enjeux, beaucoup de pays d'origine des musulmans, il faut savoir ce qu'on veut.» Pour lui, il serait temps de parvenir à une «parole commune des musulmans, on ne peut plus s'y soustraire, on doit être unis, avoir un discours cohérent». Cela lui semble important, alors que les associations cultuelles musulmanes vont devoir faire face au débat sur l'Islam, voulu par le président Sarkozy et relayé par le parti majoritaire, l'UMP. En tout état de cause, selon le recteur, Kabtane, alors que les comités électoraux devaient se réunir le 2 février dernier pour préparer les élections, ils ne l'ont pas fait. Un retard qui peut amener des questions sur le déroulement du scrutin, alors que les organisations demandent aujourd'hui que les règles évoluent, les règles techniques, et les autres, plus tacites d'entente entre grandes fédérations. On en saura plus dans les jours qui viennent.