Les étudiants ont battu le pavé en marchant hier à Alger. Après la tenue d'un imposant sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, quelque 5000 étudiants, venus des quatre coins du pays, ont improvisé une marche de plusieurs centaines de mètres. Les membres de la Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE), qui ont appelé à cette action, ont fait ainsi une vraie démonstration de force et montré un grand sens de responsabilité. Ces contestataires ont tenu leur rassemblement, conclu par une marche dans le calme, refusant de répondre aux intimidations et provocations qui ne manquaient pas, hélas. Tôt le matin, et durant plus de trois heures, les étudiants ont pris la parole, à tour de rôle, pour exprimer leur refus de rejoindre les salles des cours tant que la tutelle continue à faire la sourde oreille sur leurs revendications. Les protestataires ont lancé haut et fort des slogans hostiles au département de Rachid Harraoubia : «Non au mépris de l'étudiant», «Non à l'humiliation» ou encore «Nous voulons une université de qualité». Toutes les pancartes brandies par les protestataires vont dans ce sens : «Oui pour la démocratisation de l'université», «Etudiants solidaires», «Classique et LMD, une seule voix» etc. Les étudiants n'ont économisé aucun effort pour défendre leur plateforme de revendications, forte de 23 points, répartis en deux volets pédagogique et social. «Nous refusons la fuite en avant du ministère et ses manipulations concernant les conférences de dialogue. La seule et unique sortie de crise est la soumission de la tutelle aux revendications légitimes des étudiants», a déclaré Farid, étudiant à Bouzaréah. «Nous demandons que, dorénavant, toutes les directions hiérarchiques universitaires soient élues par les étudiants, à commencer par les recteurs. C'est la seule solution pour garantir les intérêts des étudiants et résoudre leurs problèmes», a-t-il ajouté. Parmi les doléances énumérées par les étudiants révoltés, on peut citer la revalorisation des diplômes des deux systèmes, revoir la politique de recrutement des nouveaux diplômés, réglementer l'accès aux postes de graduation pour éviter les fraudes, augmenter la valeur de la bourse des étudiants, améliorer les services des œuvres universitaires, la dissolution de toutes les organisations estudiantines et reconnaître les comités autonomes élus par les étudiants. A la fin du rassemblement et sous l'œil vigilant d'un important dispositif sécuritaire, les étudiants ont improvisé une marche à partir du siège du ministère jusqu'à la rue Doudou Mokhtar, en scandant l'hymne national. Les contestataires se sont ensuite dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous prochainement.