Changer quoi, pourquoi, comment et dans quel but? Deux éminents experts, l'un en politique, le Dr Ahmed Adimi, professeur à l'Institut des sciences politiques et de l'information, versé dans les affaires sécuritaires et spécialiste des mouvements islamiques et l'autre en la personne du Dr Bachir M'Sitfa, professeur en économie à l'université d'Alger, ont plaidé hier pour le «Changement et ses priorités». Les conférenciers se sont exprimés devant un parterre composé, outre de nombreux journalistes de la presse nationale, d'universitaires, politologues et hommes de sciences. Présidant à l'ouverture de la conférence, Ismaïl Harici, directeur du Centre de recherche et d'études stratégiques «Amel El Ouma» du journal Echaâb, a d'emblée posé quatre questions qui devaient meubler les interventions. «Le changement dans quel but, quel changement, que changer et pourquoi?» Il a énoncé également les points autour desquels devaient graviter les interventions et débats, dont la culture et l'importance de la société civile. Il a averti que «la soumission des peuples est le terreau fertile des dictateurs, au même titre que son insoumission peut conduire au changement du régime». Le Dr Adimi a estimé que «la leçon n'a pas été retenue par ceux qui gouvernent d'une main de fer, c'est ce qui a amené les peuples à demander le changement. Nous avons, a-t-il dit, demandé une stratégie après le terrorisme par une politique idéale à suivre basée sur les aspirations des citoyens.» Il faut, explique-t-il, «développer davantage le civisme dans la société algérienne, encourager le mouvement social de par la multiplication d'associations pour construire une nouvelle société à même de prendre en charge la bonne gouvernance de la liberté d'expression ainsi qu'il faut respecter la transparence dans la gestion des biens publics, partager les richesses et remettre le pouvoir entre les mains de gens compétents». En un mot, «ce sont les hommes qu'il faut changer pour mieux diriger la société. Il serait souhaitable que le champ politique soit ouvert à d'autres formations qui peuvent apporter un plus à la société, a souligné le Dr Adimi. Pour lui, il faut libérer les médias lourds, notamment l'audiovisuel car «l'Algérien est pris en otage, il a été ‘‘formaté'' par les médias étrangers, ce qui menace la sécurité du pays». Le Dr Bachir M'Sitfa a, pour sa part, fait une autre réflexion sur l'économie de l'Algérie. Celle-ci, a-t-il souligné, devrait être basée sur une société productrice et non-rentière de par le pétrole. Plusieurs pays sont sortis de la crise, a rappelé le Dr M'Sitfa, qui a cité la Malaisie, la Chine, la Turquie grâce à des modèles propres qui éloignent leur dépendance des pays occidentaux. Le conférencier a rappelé également à l'assistance que «150.000 étudiants terminent leurs études chaque année et viennent sur le marché de l'emploi». L'offre des entreprises reste faible au vu des difficultés de foncier, de financement...d'où un accroissement du chômage parmi les jeunes. Il a estimé qu'il faut revoir cette politique par un gouvernement de technocrates qui peuvent mieux gérer les affaires du pays, selon les compétences. Il a par ailleurs, souligné que «le retard accumulé dans l'application du programme Meda, où l'Algérie a perdu 500 millions d'euros d'assistance et ne lui restant que quelques miettes, est dû en grande partie aux conflits entre l'ex-ministère de l'Industrie et celui de la PME quant à la gestion du dossier, «‘‘chacun tirant la couverture à soi''».