Près de 200 enseignants ont été matraqués par la police lorsqu'ils voulaient fermer la route en face de la Présidence. Les forces de sécurité ont réprimé brutalement, durant la nuit d'avant-hier, le sit-in des enseignants contractuels devant la présidence de la République, à El Mouradia. Tard le soir, les policiers ont tenté de déloger violemment les contestataires qui voulaient camper sur place, jour et nuit, jusqu'à satisfaction de leur demande d'intégration au corps de l'éducation nationale. «Loin des yeux de la presse et des témoins potentiels, vers 23h30, les forces antiémeute nous ont tabassés avec une atrocité scandaleuse par rapport à notre statut social et notre revendication», a témoigné Myriem Maârouf, présidente du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC). Cet assaut de la police a fait plusieurs blessés, dont sept dans un état grave. «Nos camarades blessés ont été transférés vers le CHU Mustapha Pacha pour recevoir les soins nécessaires», a précisé Mme Maârouf. Le soutien du MJIC Hier encore, près de 200 enseignants ont été matraqués par la police lorsqu'ils voulaient fermer la route en face de la Présidence. «C'est le deuxième recours à la force de la part de la police en l'espace de 24 heures. Un huitième camarade, venu de Oued Souf, a été grièvement blessé à coups de matraque», a souligné notre source. Et d'ajouter : «Une délégation de cinq personnes a été reçue par le secrétaire général du ministère de l'Education nationale, Aboubakr Khaldi. Notre interlocuteur a tout simplement refusé de reconnaître notre droit à l'intégration.» C'est suite à l'échec de cette réunion avec leur tutelle que les protestataires ont voulu, en vain, paralyser la circulation à proximité de la première institution du pays. «Malgré la répression, nous avons passé la nuit dehors. Nous sommes déterminés à poursuivre notre mouvement de contestation jusqu'au bout. Nous n'allons pas, non plus, céder à la pression et aux menaces de la tutelle», clame un jeune enseignant de Chlef. «Je suis venue de mon petit village jusqu'au palais d'El Mouradia pour exprimer, aux côtés de mes camarades, notre ras-le-bol par rapport à la politique de recrutement du département de Benbouzid. Je suis dans mon poste depuis pratiquement 7 ans et on me refuse toujours la titularisation», s'indigne une enseignante. Blessée, restée au sol et refusant les premiers soins, cette trentenaire crie à la seule policière présente sur place : «Vous ne nous faites pas peur. Nous sommes solides et solidaires. Et nous le resterons.» Les représentants de quelque 20 000 enseignants contractuels, recensés à travers tout le territoire national, réclament leur titularisation et un statut socioprofessionnel décent. «Nous exerçons notre noble profession depuis plusieurs années. Nous exigeons un poste de travail permanent et un salaire digne», a expliqué la présidente du CNEC. Il est à noter que le Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC) a dénoncé «l'agression nocturne des enseignants contractuels par la police». Le MJIC affirme son soutien aux enseignants contractuels et à leurs revendications, qu'il qualifie de «légitimes».