On enregistre depuis des mois une insuffisance grave, donnant libre cours à toutes les spéculations, en l'absence de communication des hautes instances de l'Etat. Première anomalie: cette marée humaine qui assiège, très tôt le matin, tous les bureaux de poste existants au niveau de la commune de Constantine, pour ne se disperser qu'à la clôture de la structure. Tous les visages affichent la même lassitude résignée. Un calvaire sans précédent est imposé aux usagers. Le pourrissement, tel un virus, est enclenché dans un processus de durée indéterminé. La cause ? Inconnue, a priori. L'on parle d'insuffisance de liquidités. Quelle en est la raison? On ne sait pas. Personne n'explique le fait, encore moins les préposés aux guichets, plus dégoûtés, s'il en est, que les usagers. Pour en savoir plus, nous avons pris attache avec le coordinateur de wilaya d'Algérie Poste, Abdelwahab Boudjaâtit, qui nous livre les explications suivantes: «Nous enregistrons actuellement une demande de liquidités sans précédent du fait que Constantine subit depuis quelque temps la pression d'autres wilayas limitrophes, comme Skikda, Guelma, Oum El Bouaghi, Annaba, El Tarf… Sur trois chèques encaissés, un seulement émane de Constantine ; ces wilayas connaissent une crise de liquidités très aiguë, et donc leurs citoyens se rabattent sur Constantine, ce qui concourt, dans une large mesure, à accentuer la crise. Certains P/APC de localités voisines, à l'exemple de Didouche Mourad et Zighout Youcef, nous ont même saisi afin de nous faire part de l'afflux d'usagers d'autres wilayas comme Skikda et Mila, à leurs bureaux de poste, pénalisant de ce fait la population locale qui n'arrive plus à accéder à ces bureaux.» Notre interlocuteur relèvera également les retombées de cette crise sur les employés d'Algérie Poste: «Il y a beaucoup de demandes de congés, et le taux d'absentéisme est entre 12 et 22% ; c'est dire le stress engendré par un afflux qui dépasse l'entendement, et qu'il faut gérer à chaque seconde.» Selon lui, il y a aussi un problème de transfert de fonds. Il faut instaurer cette culture du recours aux moyens électroniques. Des désagréments au quotidien Des citoyens rencontrés au niveau de plusieurs bureaux de poste évoquent d'autres problèmes. «J'attends de rentrer en possession d'un chéquier, dont j'ai fait la demande il y a plusieurs mois; entre-temps j'utilise ma carte magnétique ; il se trouve que le lecteur de cartes ne marche pas, et pour couronner le tout, on me dit que les chèques de secours ne sont valables que pour la carte magnétique; je suis fauchée comme les blés», témoigne une dame au bord des larmes. A ce sujet, le coordinateur d'Algérie Poste affirme que pas moins de 12 000 carnets sont en instance au niveau des bureaux de poste, que les citoyens ne viennent pas réclamer. Il arrive aussi, dit-il, que les appareils tombent en panne, mais ils sont rapidement réparés. Pour le chèque de guichet, c'est une question de sécurité, au vu du trafic de chèques et autres pièces d'identité qui avait récemment sévi, pénalisant l'employé, lequel est tenu de rembourser ce qu'il se fait extorquer à son insu lors d'opérations frauduleuses. Concernant le problème des tickets de gestion automatique de files d'attente, des usagers de la poste du Coudiat affirment que de jeunes opportunistes viennent très tôt, les prennent pour les proposer aux gens moyennant argent. Notre interlocuteur note dans ce sens que les appareils ont même été vandalisés. Il faut savoir que ces tickets sont importés au prix fort de Californie, fait-il savoir. D'autre part, des sources proches de la poste du Coudiat affirment que ce système provoquait jusqu'à 960 000 DA par mois de manque à gagner, car si certains agents de guichet travaillent avec beaucoup de conscience et de célérité en effectuant 196 opérations, juste entre 8h et 11h, d'autres font traîner exprès les choses, et en font seulement 43. Ceci, entre autres mille causes pouvant entraver la bonne marche de cette institution. En attendant, les responsables en haut lieu ne donnent aucune explication sur l'origine de cette crise nationale, laissant libre cours, et pour longtemps, aux folles rumeurs et autres spéculations citoyennes.