La Westminster Foundation for Democracy (WFD, la Fondation de Westminster pour la démocratie) tente de s'adapter comme elle peut à la nouvelle situation du monde arabe, marqué par les révoltes populaires contre les dictatures. Londres. De notre envoyé spécial WFD, qui relève du Foreign and Commonwealth Office (FCO, ministère britannique des Affaires étrangères), travaille depuis longtemps au Liban, au Maroc et en Irak pour renforcer les capacités d'action des Parlements, des partis et de la société civile. «En 2006, le Parlement libanais nous a sollicités pour avoir une perspective anglophone après avoir eu des programmes avec les Parlements français et belge. Il nous a offert un bureau où nous travaillons toujours», nous a expliqué Dina Melhem, responsable des programmes Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) à WFD, lors d'une rencontre au siège de la fondation à l'Artillery House à Londres. Elle a indiqué que la WFD est indépendante dans le choix de ses programmes. Au Liban, la WFD apporte une aide technique à la commission du budget du Parlement pour mieux contrôler les finances étatiques et élaborer les analyses budgétaires. En Irak, pays présenté comme «important» pour la politique extérieure du Royaume-Uni, la WFD soutient la création d'un think tank faisant des recherches sur les politiques publiques pour appuyer le nouveau Parlement. Avec l'Organisation mondiale des parlementaires contre la corruption (Gopac), la WFD tente de fédérer les députés arabes pour contrer le phénomène qui ronge les économies des pays de la région, dont l'Algérie. La fondation a également élaboré, avec l'aide de la Gopac, un handbook (guide) sur l'éthique parlementaire. Elle assure aussi des formations pour les journalistes en charge de la couverture des activités parlementaires. «Nos programmes au Liban et en Irak sont plus anciens. Avec la nouvelle situation dans le monde arabe, nous tentons de choisir les pays où notre action a plus d'impact sur l'accompagnement de la démocratie», a expliqué Adrian Harris, en charge des projets pour la zone MENA. Dina Melhem, qui vient à peine de rentrer d'une mission en Jordanie, a promis une évaluation globale de l'action de la fondation en Egypte après l'effondrement du régime de Hosni Moubarak. «Cela concerne également la Tunisie. Il y a une nouvelle vague de réformes et d'ouverture. Nous allons nous déplacer dans ces pays pour voir ce que nous pouvons apporter», a-t-elle dit. Une délégation parlementaire britannique et des membres de la WFD seront à Tunis puis au Caire, à la fin de ce mois, pour «discuter» avec les nouveaux pouvoirs installés après les départs de Ben Ali et de Moubarak. «Nous allons corriger notre stratégie pour la région. Pour le Maroc, nous allons adapter notre travail après les réformes constitutionnelles annoncées récemment. Nous sommes conscients de la nécessité de répondre à la nouvelle situation», a-t-elle noté. La WFD a-t-elle prévu la vague démocratique dans le monde arabe ? «Nous n'avons pas prévu cela. Peu d'analystes ont prévu ces révolutions. C'est une belle surprise pour tout le monde. Après les dernières élections législatives en Egypte, nous avions tous dit que quelque chose allait changer. Des manifestations étaient nombreuses pour dénoncer ce scrutin et le régime devenait de plus en plus restrictif. Et tout le monde s'attendait à ce que la transition soit destinée au fils de Moubarak», a relevé Dina Melhem. Selon elle, la fondation suivra de près la situation en Tunisie et en Egypte avant d'entamer de nouveaux programmes. «C'est une transition. Pour nous, il s'agit de trouver les mouvements crédibles, ceux qui veulent réellement la réforme, pour travailler avec eux», a-t-elle expliqué, indiquant que la WFD engage des actions avec toutes les parties. «Les changements démocratiques dans le monde arabe vont nous permettre de travailler dans un contexte plus fertile. Cela dit, notre action est bâtie sur le partenariat avec les ONG locales ou les Parlements des pays où nous sommes présents», a noté Dina Melhem, soulignant que l'action est plus efficace avec les Parlements légitimes. Selon Adrian Harris, le rôle de la fondation est de soutenir les démocraties émergentes et non pas de les créer. Outre la région MENA, la WFD, qui existe depuis 1992, a des projets en Europe, en Afrique et en Amérique centrale. A son conseil d'administration siègent des représentants des partis (Labour, Conservatives, Liberal Democrats, DUP, UUP, SDLP, etc.), des parlementaires et des experts.