De 70 à 80% des visas délivrés par l'ambassade d'Algérie à Londres concernent des hommes d'affaires britanniques. L'Algérie a tout «intérêt» à faire partie du Commonwealth. Londres. De notre envoyé spécial
L'Algérie ne peut rien faire de plus concernant le dossier Abdelmoumen Khalifa. L'aveu est d'un haut responsable à l'ambassade d'Algérie à Londres. «L'affaire est entre les mains de la justice britannique. Celle-ci a décidé de l'extradition de Khalifa», a-t-il dit autour d'un thé avec des journalistes algériens en visite à Londres à l'invitation du Foreign Office (ministère britannique des Affaires étrangères). Il a rappelé que le ministre britannique de l'Intérieur a confirmé, fin avril 2010, cette décision. Anita Vasisht, avocate de l'ex-homme d'affaires algérien, a introduit un appel contre cette mesure. Le Home Office, qui s'est référé à une loi datant de 2003, avait motivé sa décision par des «garanties» données par les autorités algériennes. «Le dossier est traité au niveau judiciaire. Il n'y a pas de moyens politiques qui sont mis à contribution dans cette affaire. Chaque pays a ses procédures qui prennent du temps», a-t-il ajouté. Il n'a pas écarté la possibilité que les défenseurs de Abdelmoumen Khalifa introduisent un appel auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. «Ce n'est pas à écarter», a-t-il insisté. Abdelmoumen Khalifa, 44 ans, est toujours en détention à Londres. Il a été condamné par défaut, en mars 2007, par le tribunal criminel de Blida à la prison à perpétuité pour, entre autres, «faux et usage de faux, association de malfaiteurs et vol qualifié». Alger et Londres ont signé ces dernières années plusieurs accords judiciaires. Les relations sont qualifiées, par le même diplomate, d'excellentes et en constante progression depuis la visite du président Bouteflika à Londres en 2006. Il a appuyé son propos par la réunion, début avril à Alger, de la cinquième session du comité mixte. Comité qui devra étudier des dossiers de coopération. Londres et Alger ont signé récemment un accord de défense portant principalement sur des programmes de formation de militaires. Les deux pays coordonnent leurs actions au sein de l'ONU sur la lutte contre le terrorisme (un groupe bilatéral se réunit régulièrement pour étudier ses aspects). Londres appuie la demande algérienne de «criminaliser» le payement de rançons aux groupes armés, auteurs de rapts de ressortissants étrangers. L'Algérie et le Royaume-Uni sont liés par une feuille de route sur l'énergie. «Nous voulons profiter de l'expérience britannique en matière de développement des nouvelles énergies», a-t-on précisé de source diplomatique. Une délégation commerciale sera à Alger en avril prochain pour examiner les opportunités d'affaires. «Il n'y a rien qui bloque le développement des investissements britanniques en Algérie», a-t-on insisté. On estime que les stratèges britanniques estiment que l'Afrique du Nord est une zone émergente, un marché important. «Il n'y a pas longtemps, on pensait ici que l'Algérie et le Maghreb sont une chasse gardée de la France. Aujourd'hui, cette appréciation commence à disparaître. L'Inde, la Russie, la Chine, l'Amérique latine, les pays du Golfe et l'Afrique du Nord sont les régions où le Royaume-Uni entend être plus présent sur le plan économique», est-il noté. A l'ambassade d'Algérie à Londres, on relève que les révoltes arabes n'ont pas d'impact «négatif» sur les rapports économiques et politiques entre les deux pays. On annonce que 70 à 80% des visas délivrés par la représentation diplomatique algérienne à Londres ont concerné les hommes d'affaires. «Il n'y a pas de procédures particulières pour les journalistes qui ont demandé à se rendre en Algérie», a-t-on indiqué. Des reporters de The Financial Times et de la BBC ont reçu dernièrement des avis favorables pour se déplacer en Algérie pour y effectuer des reportages sur l'évolution politique du pays après la levée de l'état d'urgence. Peu de place est encore accordée à l'Algérie dans les médias britanniques. «Nous sommes pris par la situation en Libye, au Yémen, et à une degré moindre, par le Bahreïn. Mais, nous sommes à l'écoute de ce qui se passe en Algérie», nous a confié, Edward Gorman, responsable adjoint du service étranger de The Times, le journal centriste. «Nos rapports avec la presse britannique sont limités mais corrects», a noté un responsable de l'ambassade algérienne. Dernièrement, The Daily Telegraph a rapporté sur son site internet que l'Algérie a «bloqué» des comptes d'opposants sur facebook. «Nous avons vite réagi en apportant un démenti à cette information», nous a-t-on dit. L'Algérie souhaite-t-elle rejoindre le Commonwealth ? «Rien n'est exclu pour l'instant. Nous portons de l'intérêt à cette organisation qui regroupe aujourd'hui des nations n'ayant pas fait partie de l'empire britannique. Des pays figurant dans le top 10 de l'économie mondiale sont membres de cette organisation», a-t-on souligné. Le Commonwealth, qui existe sous cette appellation depuis 1947, regroupe aujourd'hui 54 Etats dont le Rwanda et le Mozambique, anciennes colonies française et portugaise. Récemment, le Soudan et le Yémen ont exprimé le vœu d'adhérer au Commonwealth.