La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, ne rate pas une occasion pour revenir sur un sujet devenu l'une de ses principales préoccupations : l'élection d'une «vraie» Assemblée constituante qui aura le pouvoir de désigner un gouvernement technocrate et le contrôler, mettre en place une nouvelle Constitution et définir les prérogatives du président de la République. Une thèse qui a été critiquée ouvertement ces derniers jours par certains partis, à leur tête le «trio» de l'Alliance présidentielle. Comme pour donner la réponse de la bergère au berger, Louisa Hanoune a défendu avec ardeur ses idées lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège de son parti, où elle n'a pas manqué de fustiger les réactions de ses détracteurs : «Ceux qui qualifient ce processus de saut dans l'inconnu ou un retour vers la case de départ ne mesurent pas la gravité d'une situation où la société connaît un climat d'ébullition sans précédent dans l'histoire du pays, avec les prémices d'une crise et, si l'on ne prévoit pas dès maintenant une issue aux aspirations des différentes couches de la société, on risque de se retrouver avec de véritables bombes à retardement.» Le cadre politique devenu obsolète et dépassé par les événements, avec une administration débordée, un gouvernement en panne d'idées, des assemblées locales sans moyens et des passerelles absentes entre le peuple et le pouvoir ne font qu'accentuer le pourrissement d'une situation exceptionnelle qui impose des solutions radicales, selon Louisa Hanoune. Cette dernière préconise le lancement en urgence de réformes politiques, avec en première étape la dissolution pure et simple d'un Parlement sans aucune légitimité, l'abrogation du bicaméralisme (APN-Sénat) qui n'a plus aucune raison d'être et l'instauration d'une Constitution inspirée d'un vrai débat d'idées avec les garanties de protéger tous les droits des citoyens. «Ceux qui soutiennent aujourd'hui que notre pays est à l'abri de ce qui se passe dans le monde ne font qu'induire les gens en erreur, car personne ne peut prévoir ce que cache cette situation ; il n'y a qu'à méditer sur l'exemple de la Syrie», a-t-elle déclaré.