Les enseignants contractuels ont été tabassés de nouveau par la police lors du neuvième jour consécutif de sit-in, maintenu devant le siège de la Présidence à El Mouradia. L'affrontement entre les forces de l'ordre et les enseignants protestataires a occasionné une vingtaine de blessés parmi les enseignants, dont quatre dans un état grave. «Une camarade de Annaba a été malmenée par la police, ce qui lui a causé une blessure grave à la jambe. Un autre collègue de Blida s'est foulé la cheville.» Un troisième a eu des fractures graves aux deux bras», témoigne un enseignant. Il est interrompu par la déléguée de la wilaya de Bordj Bou Arréridj qui assure : «L'un de nos camarades, transféré vers l'hôpital, a eu la malheureuse surprise d'apprendre, après consultation, qu'il a une fracture au niveau du bassin.» Selon la présidente du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC), Myriem Maârouf, plusieurs jeunes enseignants, irrités par le silence de la Présidence et de la tutelle, ont voulu fermer la route, ce qui a fait réagir la police. «Nous avons réussi à fermer la route pendant près d'une heure en résistant à la charge sauvage des forces de l'ordre. Moi-même j'étais mise à terre et tabassée, sans retenue, par une policière. Ce qui m'a causé une blessure au niveau du bras», a-t-elle précisé. Les enseignants ne pensent qu'à aller de l'avant dans leur mouvement de colère puisque, selon leur porte-parole, le rassemblement ne cesse de grandir avec le ralliement, chaque jour, de nouvelles victimes du statut de contractuel. «Aujourd'hui encore, des dizaines de nos camarades algérois nous ont rejoints. Actuellement, notre nombre dépasse facilement les 600», a constaté Mme Maârouf. Et d'ajouter: «La violence ne nous dissuadera jamais de poursuivre notre lutte. On ne veut pas non plus discuter avec le ministère de l'Education. Nous réclamons une décision politique du président Bouteflika pour régler notre situation.» Santé dégradée A l'entame de la deuxième semaine du rassemblement à la belle étoile, le moral et la santé des contestataires se dégradent, surtout avec le manque de moyens des enseignants concernés et la mauvaise prise en charge médicale. «J'ai une entorse grave au niveau de la jambe et je suis resté sans soins. Au niveau du CHU Mustapha Pacha où on m'a transféré, on a même refusé de me passer une radio», s'indigne Mimoun Khaled, enseignent à Tiaret depuis 5 ans, brandissant deux certificats médicaux. Pour essayer de contrecarrer ce déficit, un enseignant, ayant une expérience dans le secteur de la santé, a songé à la création d'un petit service assurant les premiers soins. «Nous avons acheté une boîte à pharmacie pour nous soigner nous-mêmes. Cela dit, on ne peut pas s'occuper des cas graves. Les dépressions nerveuses, trop fréquentes, nous posent aussi beaucoup de soucis», précise Dahmane B., enseignant à Mostaganem. A noter que les «campeurs» devant le palais présidentiel ne vivent qu'avec les aides des citoyens d'El Mouradia. Ils n'ont plus d'argent. Toutefois, ils sont déterminés à ne pas lâcher de lest et à poursuivre leur contestation jusqu'à leur intégration. Sans cette revendication pleinement satisfaite, «nous n'allons pas rentrer chez nous», persistent-ils..