Le débrayage des équipes de nettoiement de la commune de Sétif, a donné un sacré coup à l'hygiène d'une cité qui n'est plus propre. Hier, au troisième jour de mouvement, la capitale des Hauts-Plateaux faisant, pour la première fois de son histoire, face à une telle action d'envergure, croulait sur des tonnes d'ordures; plusieurs lieux sont transformés en dépotoirs. Les immondices des ménagères et des commerçants jonchaient les rues et les ruelles de l'agglomération. A ce propos, de nombreux citoyens d'Aïn Fouara nous diront: «L'absence des agents de nettoiement, qui n'ont jamais fait faux bond, se fait sentir. Avec cet amas de sachets-poubelles et détritus qui massacrent l'environnement de nos cités, déjà tancées par la détérioration du cadre de vie (manque d'espaces verts et d'aires de jeu pour enfants), on mesure maintenant le rôle que joue cette catégorie de travailleurs qui méritent plus de considération et de reconnaissance. Les responsables de la mairie qui ne font rien pour retaper le réseau routier de la ville éventré, sont priés d'aller sur le terrain pour constater la triste réalité d'une ville qui tombe en décrépitude de jour en jour. Il ne faut pas se voiler la face par cette langue de bois faisant de Sétif une ville propre alors que la réalité est toute autre.» Pour connaître les avis des différents protagonistes, nous avons pris contact avec Mohamed Dib, maire de la ville qui dit: «Après le sit-in de lundi, le mouvement s'est transformé en grève qui n'est chapeauté par aucune organisation syndicale car les travailleurs refusent toute récupération. Même si les revendications des travailleurs sont d'ordre national, nous avons tenu plusieurs réunions avec leurs représentants. Nous ne ménagerons aucun effort pour trouver une solution aux problèmes exposés.» Le maire rassure, le grévistes dénoncent En soulevant les questions relatives à la tenue de travail, aux soins médicaux spécifiques aux agents de nettoiement et à la situation des femmes de ménage affectées selon l'humeur des responsables, le premier magistrat de l'antique Sitifis réplique: «Un problème de procédures administratives freine quelque peu le chapitre habillement. Concernant, les autres problèmes posés, nous sommes à l'écoute des travailleurs.» Le son de cloche est tout autre chez les grévistes qui ne ratent pas l'occasion pour fustiger l'administration et le syndicat de la municipalité, disant: «Après des décennies de silence, les agents de la commune ont non seulement voulu attirer l'attention sur leur situation socioprofessionnelle mais mettre un terme aux dépassements de l'administration et à la complaisance des syndicalistes qui ont bien profité pour monter en grade et assurer leurs arrières. Ne voyant rien venir de nos représentants qui nous ont trahis, nous étions dans l'obligation de prendre nous-mêmes en charge nos innombrables problèmes.»