C'est la première virée du chef de l'Etat à l'intérieur du pays depuis six mois, puisque sa dernière sortie sur le terrain a eu lieu le 27 octobre 2010 à Ouargla. Le président Abdelaziz Bouteflika effectuera, mercredi prochain, une visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Tamanrasset. C'est la première virée du chef de l'Etat à l'intérieur du pays depuis six mois, puisque sa dernière sortie sur le terrain a eu lieu le 27 octobre 2010 à Ouargla, où il avait présidé la cérémonie d'ouverture de l'année universitaire. Officiellement, cette visite a pour objectif l'inauguration du mégaprojet de transfert d'eau d'In Salah vers la ville de Tamanrasset (sur 770 km). Un projet qui a été réceptionné, il y a quelques semaines, par le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. Etant son premier grand défi qui se réalise concrètement, Abdelaziz Bouteflika tient ainsi à le présenter comme un trophée à l'opinion publique nationale pour prouver que les promesses faites depuis son arrivée à la tête de l'Etat seront tenues. Le projet, très important, faut-il le souligner, sera sans nul doute surmédiatisé pour dire que les 12 ans de règne de Bouteflika en Algérie «n'ont pas produit uniquement des échecs aux plans social, économique et politique». Faut-il toutefois rappeler que lui-même avait reconnu les erreurs commises dans l'élaboration des stratégies économiques adoptées durant les dix dernières années. Sur le plan social, la réalité du terrain confirme l'existence d'une profonde crise qu'aucune mesure prise n'a réussi à en atténuer l'ampleur. Le quotidien des Algériens est, en effet, caractérisé par les contestations et les émeutes. En 2010, on a déjà enregistré plus de 10 000 émeutes sur tout le territoire national. Des jeunes, des fonctionnaires et des mal-logés protestent, presque quotidiennement, contre le chômage, le manque de logement, l'érosion de leur pouvoir d'achat… La contestation sociale monte crescendo dans les wilayas du sud du pays, où des jeunes chômeurs exploitent toutes les formes de protestation pour faire entendre leur voix : grève de la faim, tentatives d'immolation par le feu et de suicide collectif, sit-in et émeutes. Et cette visite du président de la République dans la wilaya de Tamanrasset viserait, sans nul doute, à acheter le calme des jeunes des régions du sud du pays, en leur annonçant, peut-être, de nouvelles mesures pour prendre en charge leurs doléances. Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a déjà préparé le terrain dans ce sens. Il avait réuni, il y a quelques jours, les notables des différentes wilayas du Sud. Une réunion convoquée pour mieux préparer cette visite de Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier profitera, sans doute, pour s'offrir un bain de foule, histoire de montrer à l'opinion publique, notamment internationale, qu'il jouit toujours de «popularité». Un exercice auquel il recourt à chaque fois que sa gestion des affaires du pays est remise en cause. Il ne devrait pas s'en priver dans ce contexte caractérisé par une forte demande de changement venant de tous les segments de la classe politique nationale, et en ce printemps arabe emportant tour à tour les chefs d'Etat.