Profitant de la visite du wali dans les communes de Settara et Ghebala, les chômeurs, les handicapés et les mal logés se sont plaints de leurs conditions de vie précaires. Certains des habitants de ces localités de l'extrême est de la wilaya ont fait part de leurs préoccupations quant au manque des plus simples commodités, revendiquant, entre autres, l'aménagement de routes, le raccordement au réseau du gaz de ville, la connexion à Internet et l'électrification de leurs foyers, réalisés dans le cadre de l'autoconstruction. L'injustice et le mépris affichés à leur égard par certains responsables locaux, accusés de népotisme dans la distribution des postes d'emploi, étaient les autres préoccupations des intervenants devant le wali, visiblement soucieux d'absorber la colère des jeunes face aux doléances exprimées. A Ghebala, région enclavée, où le principal souci de la population demeure le désenclavement par l'aménagement de routes, un jeune a un autre souci: subvenir aux besoins de sa famille tout en assumant sa condition de handicapé. «Je suis handicapé et je travaille dans le cadre du filet social depuis 14 ans; j'ai à ma charge une famille de 5 personnes et je n'arrive pas à faire vivre», a-t-il dit au wali. Des propos ressemblants ont été émis par un quadragénaire qui a laissé éclater sa frustration de ne pas s'être marié. Au premier responsable de l'exécutif, il a affirmé qu'il était âgé de 44 ans et qu'il émargeait au filet social depuis 12 ans. «Je vous demande, monsieur le wali, de me procurer un emploi. Je suis célibataire et je n'ai pas de logement. Et même si je suis embauché sur un chantier, on ne me fera pas bénéficier de l'assurance sociale», a-t-il laissé entendre. Des localités privées de commodités A quelques kilomètres de la commune de Settara, des jeunes attendaient avec impatience le passage du wali. Ce dernier, en descendant de son véhicule officiel, est vite assailli par des citoyens qui lui expriment leur colère de voir cette localité privée de gaz, d'opportunités d'emploi et d'infrastructures de loisirs et de détente. Quelques jeunes se faufilent dans la foule et s'approchent du chef de l'exécutif pour lui dire tout le mal de leur existence dans cette localité. «Nous voulons bénéficier nous aussi de connexion au réseau Internet», réclament-ils. Pour avoir accès aux services du web, les jeunes de Bordj Ali se déplacent jusqu'à Settara, où se trouve un cybercafé. Sollicité de toutes parts, le commis de l'Etat, qui invite à chaque fois le responsable du secteur concerné à noter les difficultés signalées, arrive tant bien que mal à rassurer les plaignants sur la volonté des pouvoirs publics à résoudre les problèmes soulevés. «L'Etat est à l'écoute des citoyens», ne cesse-t-il de répéter. A proximité d'une cité de 100 logements en phase d'achèvement, visitée par la délégation, le wali est interpellé par un jeune visiblement tendu qui lui confie: «On a des choses secrètes à vous dire, monsieur le wali. On vous invite à la maison de jeunes pour en parler.». D'autres jeunes arrivent. Des chômeurs aussi. La foule des contestataires est de plus en plus importante. Un homme s'approche du chef de l'exécutif et lui déclare: «je suis âgé de 47 ans ; mon frère, policier, a été tué en 1993 à Alger, et je n'ai toujours pas de logement». La gestion de l'APC n'a pas été épargnée par les critiques des plaignants. Ces derniers, revendiquent leur droit au travail, au logement et à un statut digne de leur citoyenneté. Après cette halte mouvementée, la délégation a visité le projet d'extension de la route reliant la localité de Zerzour à Settara sur 4 km où elle a reçu des explications sur le retard accumulé dans le projet de modernisation de la RN43 sur un parcours de 13 km.