Des journalistes de la Radio nationale risquent d'être traduits en conseil de discipline par la direction de l'entreprise. Leur tort ? Avoir observé un sit-in dans la matinée d'hier devant le siège de la Radio. «Nous étions une cinquantaine à nous être rassemblés devant l'un des bâtiments de la Radio. Nous nous sommes dispersés au bout d'une demi-heure», confie une journaliste à la Chaîne I, qui a requis l'anonymat. Cette action n'est pas passée inaperçue. Mais pas comme espéré par les journalistes. «Le directeur général, Khelladi a instruit les directeurs de chaîne et de rédaction de lui transmettre les fiches de l'ensemble des personnes ayant participé au sit-in. Ils seront ainsi sanctionnés pour abandon de poste», peste une reporter à la Chaîne I. Pourtant, ces responsables semblent partager les attentes des journalistes. «Ils reconnaissent nos revendications, et clament qu'elles sont légitimes. Seulement, ils cèdent à la pression de la direction, et ce, pour préserver leurs postes», affirme une journaliste exerçant à la Radio depuis une dizaine d'années. Mais il semblerait que les pressions à l'encontre des contestataires sont monnaie courante depuis l'enclenchement de ce mouvement de protestation. «Les directeurs ont à maintes fois menacé les journalistes de représailles. Ce matin même (hier, ndlr), les responsables des rédactions ont, au cours du briefing, exhorté les présents à ne pas prendre part à ces manifestations», dénonce l'un d'eux. Le directeur de rédaction de l'une des chaînes a brandi la menace de décision ferme prise à l'encontre des récalcitrants», ajoute une autre. Et il semblerait même que ces intimidations ne soient pas que le fait de la hiérarchie. «Il est de notoriété publique que le syndicat ‘officiel', qui compte plus de travailleurs divers, tels chauffeurs ou autres, que de journalistes, a des accointances avec la direction. Certains membres de ce syndicat exercent des pressions sur les journalistes qui tentent de s'organiser indépendamment», explique un journaliste à la Chaîne III. «Défendre notre cause coûte que coûte» Ce sit-in est la deuxième action de contestation organisée par les employés de la Radio nationale, toutes chaînes confondues, après le rassemblement de dimanche dernier dans les mêmes lieux. Et c'est d'ailleurs ce groupe «autonome» que la direction ne reconnaît pas. «Je n'ai reçu aucune plateforme de revendications de la part de cette trentaine de personnes. De ce fait, je suis dans l'obligation d'appliquer le règlement intérieur, et ce dans les cadres légaux et normaux», estime Toufik Khelladi, DG de la Radio nationale, joint hier par téléphone. «J'ai reçu personnellement, au cours du mois dernier, des représentants des différentes chaînes. Et leurs demandes sont actuellement à l'étude», assure-t-il. Doléances qui s'avèrent d'ailleurs être celles des travailleurs qui se sont rassemblés hier. Pourtant, en dépit de ces représailles, les travailleurs de la Radio nationale sont plus que jamais déterminés à faire entendre leur voix. «Nous allons organiser, dans les plus brefs délais, une réunion, afin de tracer le chemin à suivre. Lorsqu'une cause est juste, il faut la défendre coûte que coûte», assène, convaincue, une journaliste.