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«Le statut particulier de 2008 accorde moins de protection sociale»
Brahim Brahimi. Directeur de l'Ecole supérieure de journalisme
Publié dans El Watan le 04 - 04 - 2011

Le monde de la presse se saisit de l'effervescence politique et sociale dans le pays pour poser ses propres problèmes. Les journalistes de la presse écrite comme ceux des médias de l'audiovisuel publics tentent de s'organiser et avancent des revendications liées aux conditions d'exercice du métier et à son organisation. Journalistes et spécialistes des médias estiment, à juste raison, que le secteur vit dans une totale anarchie. Le journaliste est devenu le maillon faible de la chaîne médiatique. Le spécialiste Brahim Brahimi dit que la colère des journalistes était prévisible.
- Le monde de la presse est en ébullition depuis quelques jours. Sit-in et assemblées générales sont organisés par des journalistes de la presse écrite et de l'audiovisuel avec comme cheval de bataille des revendications sociales et d'autres, liées à l'organisation du métier. Quel commentaire faites-vous ?
Ces mouvements de protestation étaient prévisibles. J'avais dit en 2008 que la prochaine décennie serait celle des conventions collectives. Après l'élaboration et l'adoption de la charte d'éthique en 2000 et la promulgation du statut particulier en 2008, les journalistes posent maintenant la problématique des conventions collectives. Je dois dire que sur les 61 articles qui ont été adoptés dans le statut particulier, le décret n'en a retenu que 24. Il est vrai que les journalistes ont eu gain de cause, notamment en matière de droits d'auteur, il n'en demeure pas moins que le statut de 2008 accorde moins de couverture sociale, si on le compare à celui promulgué 1968 par Mohamed Seddik Benyahia, particulièrement en termes de classification, de grade et de fonction. Il y a un vide total concernant la protection sociale des journalistes. Il est temps qu'il y ait des conventions internes aux rédactions pour aboutir, au bout du compte, à une convention nationale qui assurerait un minimum aux journalistes.
- Les journalistes posent avec acuité les questions de l'anarchie et de la désorganisation du secteur. A quoi est due cette situation, selon vous ?
Il y a eu plusieurs raisons qui ont fait que le secteur soit plongé dans une telle désorganisation. J'insiste sur le gel de la loi d'avril 1990, conséquence de l'instauration de l'état d'urgence. Plusieurs articles de cette loi ont été suspendus tels que l'article 14 qui permet la création de journaux et publications, l'article 34 lié à la clause de conscience… J'ai observé, à l'occasion des mouvements de protestation des journalistes, que les projets de Abdelaziz Rahabi sont remontés à la surface. Une nouvelle loi sur la liberté de la presse et non pas un code de l'information. Une nouvelle loi sur la publicité qui a été votée à l'APN en 1999 avant que le Sénat ne la bloque. Une nouvelle loi sur les sondages et enfin une loi sur l'audiovisuel. De mon point de vue, il y a nécessité de débattre de toutes ces questions.
- Parlons justement de l'audiovisuel, toujours sous le monopole du pouvoir politique. L'ouverture des médias publics est, semble-t-il, remise à plus tard…
Il faut ouvrir, tôt au tard. Le statu quo actuel ne peut plus durer. On ne peut pas rester en marge des évolutions qui s'opèrent dans notre environnement immédiat. Nous sommes le seul pays au monde où il existe six journaux gouvernementaux. C'est une aberration. Certes, le gouvernement peut avoir deux quotidiens, un arabophone et un autre francophone, pour défendre sa politique. Pour ce qui est de l'ouverture de la télévision, il ne faut surtout pas refaire la malheureuse expérience de nos voisins (Maroc et Tunisie) où finalement elle n'a pas forcément signifié pluralité et liberté.


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