La grève illimitée est maintenue. Le ministère tente de déstabiliser le mouvement en décidant de sanctionner les grévistes. Le bras de fer se durcit entre les médecins résidents et le ministère de la Santé. Les négociations, entamées il y a deux semaines, ont échoué dans la matinée d'hier, où devaient débuter les travaux autour des trois commissions mixtes, tel qu'annoncé par le ministre de la Santé. A leur grand étonnement, les médecins grévistes, venus des quatre coins du pays pour ce rendez-vous censé être salvateur, se sont vu fermer la porte au nez. «Nous avons répondu à leur appel en nous présentant au ministère tôt dans la matinée de ce dimanche. Et après plus de deux heures d'attente, on nous a pratiquement renvoyés, et sans explication», explique le Dr Mohamed Toufik Yellès, délégué de l'hôpital Mustapha. Aucun mot sur les commissions mixtes censées prendre en charge leurs revendications ni sur d'éventuelles autres réunions de négociations de la part du secrétaire général du ministère, qui a refusé de s'adresser aux médecins grévistes. Par contre, une note ministérielle commençait déjà, au même moment, à circuler dans les hôpitaux. Adressée aux chefs de services, «elle donne ordre de signaler les grévistes pour procéder à des défalcations sur salaire», ont précisé, hier, plusieurs résidents grévistes ; une mesure qui en dit long sur la volonté de négociation du ministère. De toute manière, l'heure n'est plus à la négociation. Les médecins grévistes ont été sans équivoque là-dessus : «On a suivi les procédures et nous avons été réceptifs à leur promesses de négociations, mais il apparaît clairement à présent qu'il ne s'agissait que d'effets d'annonce. Ils nous poussent à radicaliser notre mouvement», tranche le Dr Yellès. Après avoir quitté le ministère de la Santé «offusqués» et «déçus» par l'attitude de mépris qui leur a été affichée, les médecins résidents se sont rassemblés à l'hôpital Mustapha pour discuter de la démarche à adopter, mais là encore, ils n'ont pas été au bout de leurs surprises : une autre note ministérielle les avait précédés pour la fermeture de tous les amphithéâtres. Mais qu'à cela ne tienne : piquet de grève et sit-in improvisés dans les jardins du CHU feront l'affaire pour exprimer une ténacité sans faille. Près de 1000 résidents réunis autour de la même idée : maintien de la grève et radicalisation du mouvement. «Le ministre a annoncé à la radio qu'il nous avait reçus. Nous sommes outrés par ces procédés et nous sommes d'autant plus déterminés à continuer notre mouvement de grève», explique le Dr Yellès. Une sortie dans la rue n'est d'ailleurs plus à écarter, à en croire la majorité des résidents contestataires. Un sit-in devant la Présidence ou le ministère de la Santé est d'ores et déjà envisagé et en cours de discussion. La question sera soumise à tous les médecins résidents par vote, dans les jours qui viennent. Par ailleurs, Le ministère de la Santé a fini par réagir, hier en fin d'après-midi, en invitant les délégués des médecins résidents à participer aux réunions des deux commissions, l'une relative à l'aspect pédagogique et l'autre sur le statut de résident. La revendication portant sur l'annulation du service civil a été occultée.