A quelques jours de la conférence de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue du 13 au 18 décembre à Hong Kong, les 149 pays participants affûtent leurs arguments. Tandis que la Banque mondiale plaide pour des règles de commerce « équitables » qui permettront aux pays en développement d'en tirer avantage, le conflit qui oppose depuis des années l'Union européenne et des pays comme les Etats-Unis, l'Australie ou le Brésil se poursuit. Les experts proches du dossier estiment que rien ne prédispose la conférence de Hong Kong à être un succès tant le fossé s'est approfondi entre les tenants du libéralisme pur et dur et les pays en voie de développement, notamment après les échecs des rencontres de Seattle en décembre 1999 et de Cancún (Mexique) en septembre 2003 Les négociations de Doha, lancées en 2001 dans la capitale du Qatar et qui ambitionnent d'ouvrir les frontières aux produits et services, seront au centre des débats de cette conférence. Selon Danny Leipziger, vice-président de la Banque Mondiale (BM), cité par l'APS, le cycle de Doha, « doit donner aux pays en développement le sentiment qu'ils peuvent profiter matériellement de la Banque Mondiale ». M. Leipziger, également directeur du réseau lutte contre la pauvreté et gestion économique de la BM, en se rendant à Hong Kong à la tête d'une délégation de la BM, a souligné que « c'est une question de crédibilité, car en tant que cycle de négociations multilatéral, le cycle de Doha était un cycle du développement, et il faut que les intérêts des pays en développement soient en première ligne et au centre de ces négociations. » N'ayant que leurs productions pour participer au commerce mondial, les pays africains s'estiment les premières victimes des grandes nations agricoles émergentes comme le Brésil et l'Argentine. Les coûts de production restent, pour ces pays, très élevés et se situent en moyenne au-dessus des coûts de substitution. Le coût du capital technique, la faiblesse du capital humain en sont fondamentalement la cause. Les pays africains ne peuvent, de ce fait, être compétitifs sur le marché international. Et contrairement aux pays riches, l'Afrique ne possède pas suffisamment d'externalités positives pour que les entreprises réalisent des gains de productivité. Même si Bruxelles a offert de réduire de 35 à 60% ses droits de douane sur les importations de produits agricoles, proposition améliorée par rapport à des baisses initialement prévues entre 20 et 50%, cela reste insuffisant, aux yeux de Washington, soutenu dans cette campagne par des pays émergents ou en développement Le Japon propose, pour sa part, une enveloppe de dix milliards de dollars sur trois ans pour soutenir les exportations des pays en voie de développement. Elle comprendra, d'après l'APS, des prêts à taux faibles, des dons et une assistance technique afin d'aider les nations en voie de développement à améliorer leurs infrastructures portuaires et douanières, et pour recruter et former des experts sanitaires. Pour le nouveau président de l'OMC, Pascal Lamy, les quinze sujets qui seront sur la table des négociations le 13 décembre font partie d'un « puzzle » qu'il faudra assembler avant la fin de l'année. Agences, Amel Blidi