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Industrie du textile : Pourquoi pas un million d'ateliers ?
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Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2011

Le textile dans la région de la Mitidja, jadis le fleuron de l'industrie, est toujours en chute libre sans pouvoir se redresser et se retrouver dans un environnement hostile et dégradé.
Or, le textile a été toujours considéré comme stratégique en raison de sa nature de créatrice d'emplois par excellence, d'une part, et par sa position d'industrie complémentaire contribuant au noircissement de la matrice économique, se situant en aval de l'industrie lourde, d'autre part.Les mutations qui ont marqué le marché des textiles ces dernières années en Algérie et la chute de la production nationale devant les importations tous azimuts découlent du processus d'ouverture à outrance de l'économie et de son extraversion.
Les causes sont profondes. Il a été très secoué sans qu'aucun plan d'aide n'ait venu le soutenir et le sauver, notamment en ce qui concerne les matières premières de base. Sa très forte dépendance de l'extérieur explique en grande partie sa fragilité et l'impact signifiant qui en découle sur son fonctionnement.
Durant plus de deux décennies, le secteur du textile a été abandonné à lui-même, affichant des taux de croissance négatifs, considéré comme incapable de créer une richesse nationale puisque dans un contexte de libre-échange, en termes d'avantages comparatifs, le secteur a été jugé moins compétitif, laissant le champ libre aux produits issus des échanges transfrontaliers. Ainsi, on a assisté à la fermeture de milliers de petites entreprises nationales et locales, aggravant le chômage. De nombreux ateliers de confection textile- qui étaient - installés dans la wilaya ont subi ce sort dramatique et la quasi-totalité des usines de textile a fermé les portes, dans les différentes catégories de la chaîne de la filature à la confection en mettant les employés au chômage et le matériel vendu au kilo à la casse.
Actuellement, la production nationale privée et publique, tous secteurs confondus, ne couvre que 10% de la demande. Par contre, le marché a été totalement inondé par des produits importés apparemment attrayants à première vue et bon marché, mais qui s'avèrent souvent de piètre qualité. Dans le contexte actuel, il y a des opérateurs qui s'accrochent encore à leur métier contre vents et marées. Ils souffrent de la concurrence déloyale ; notamment de l'importation avec toutes ses largesses, qui durent sans immunité depuis plusieurs années, de l'absence des mesures d'aide et d'encouragement et de protection au détriment de la production nationale et la sauvegarde de l'emploi. Les opérateurs questionnés disent qu'en dépit des doléances maintes fois exprimées, aucune suite et aucun programme n'ont été lancés pour sauver ce secteur stratégique qui venait après le bâtiment par son importance.
Blida et sa région comptaient jusqu'à plus de 500 ateliers de confection employant de 30 à 300 personnes chacune en plus des grandes sociétés privées et publiques qui avaient fait leurs preuves sur le terrain (Blida était classée derrière Alger et Tlemcen dans le secteur du textile). L'on cite avec amertume les sociétés touchées comme la Soitex de Boufarik pour le secteur public, et Sobitex, Naïmi et Ben Maâlem pour le privé. Ces entreprises avaient un impact social de premier ordre, en étant en plus de sa contribution à la production des lieux de formation et d'insertion, notamment pour les jeunes filles. La crise avait commencé au début des années 1990 et a poursuivi jusqu'à aujourd'hui en étant aggravé par les importations asiatiques sans aucune barrière. Pour Chami Ramdane, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de la Mitidja et pionnier du textile avec sa célèbre marque de chemise et du rideau «Aigle Royal», cette situation ne doit pas durer indéfiniment.
Il y a lieu de lever cette fatalité par la prise en charge de ce secteur et sa protection, dit-t-il en étant confiant.
Nous pouvons, a-t-il souligné, retourner la situation et relancer le textile comme auparavant et plus. Il cite l'exemple des pays voisins comme la Tunisie qui ont résisté à la vague asiatique grâce aux mesures de protection de la production nationale et aux aides à l'exportation. Parmi les mesures demandées, il suggère l'allégement des tarifs douaniers pour les matières premières, la réduction des taxes fiscales, l'encouragement et l'incitation à l'investissement et l'emploi, l'allégement des charges de la sécurité sociale. Les opérateurs se demandent qui est responsable de cette débandade massacrant le produit algérien et favorisant le produit étranger, souvent de valeur médiocre. Que les responsables rendent au moins une visite du côté des marchés de fortune pour voir cette inondation de produits douteux importés avec l'argent algérien et prendre acte de la nécessité de sauver le textile qui nous interpelle tous.
A cet effet, il faut mener des actions en vue d'enclencher une véritable relance en redorant l'image de marque et la mise en place d'une véritable politique de protection de la production nationale. Bien que des dispositifs de soutien à l'emploi et d'insertion des jeunes aient été mis en place (ANDI, Ansej, CNAC Angem), les résultats escomptés n'ont pas été atteints dans le domaine, puisque peu de promoteurs se sont orientés vers le secteur de l'habillement. Les opérateurs de ce secteur lancent un appel au président de la République pour encourager la production nationale. Le programme de 1 million de logements défiant tous les mégaprojets est et restera gravé dans la mémoire des Algériens. Alors pourquoi pas aussi 1 million d'ateliers. Parce que l'habitat et l'habillement ont un facteur commun : l'emploi. Les deux H, ce sont aussi la locomotive et les rails de développement.


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