En décembre 2010, à l'issue d'une réunion du comité central de son parti, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, faisait cette déclaration : «Si Dieu le veut, notre candidat à la présidentielle de 2014 sera Abdelaziz Bouteflika.» Hier, dans un entretien qu'il a accordé à TSA, Belkhadem soutient qu'«il est encore tôt pour parler de candidature à la présidentielle de 2014. Il reste trois ans au président de la République pour terminer son mandat». Il ne dit pas si ce dernier a pensé qu'il succédera à lui-même ! Mais qu'est-ce qui a changé en si peu de temps pour que le secrétaire général du FLN revienne sur sa déclaration ? Le représentant personnel du chef de l'Etat n'a sans doute pas dû oublier les propos qu'il a tenus il y a cinq mois. La révolution du Jasmin en Tunisie n'était alors qu'à ses débuts, embryonnaire. Ce qui allait se passer en Egypte, juste après la chute du régime de Ben Ali, était tout simplement impensable. M. Moubarak était encore sur ses pieds. Maintenant que l'embrasement a atteint des régimes qu'on estimait en être à l'abri, que l'Algérie est assise sur un volcan, Abdelaziz Belkhadem a jugé utile et surtout opportun de sortir du bois pour proclamer son ambition propre, celle qu'il caresse depuis longtemps : présenter sa candidature aux prochaines élections présidentielles. Il passe à l'aveu sur TSA : «En ce qui concerne mes ambitions présidentielles, ce n'est pas à moi seul de décider. Il y a un comité central qui a la prérogative de désigner le candidat du FLN. Le moment venu, le comité central se réunira pour désigner le candidat du FLN.» Le représentant personnel du président Bouteflika ne s'en cache plus. Il s'est même réservé de commenter ce qui se dit sur la santé du chef de l'Etat, lui qui a l'habitude de réagir de façon épidermique quand l'occasion lui est donnée de s'exprimer sur le sujet : «Je suis le représentant personnel du chef de l'Etat. Je remplis ma mission convenablement. Je n'ai aucun commentaire à faire sur ce qui a été dit concernant l'état de santé du Président», a-t-il déclaré à Tout Sur l'Algérie. Abdelaziz Belkhadem a donc bel et bien un «projet» en tête, un plan qu'il ne cesse de mettre en place depuis un certain temps. Surtout depuis qu'un quatrième mandat de Bouteflika, ou une succession dans l'entourage familial de ce dernier, fait partie du domaine des impossibilités. Mais pour rendre son ambition réalisable, il s'active à déblayer le terrain en projetant de déposséder son concurrent, le RND et Ahmed Ouyahia, des leviers de commande. Abdelaziz Belkhadem réclame plus qu'un remaniement ministériel, mais un changement de gouvernement. Et celui-ci aura lieu, selon les propos du secrétaire général du FLN : «Il faut dire que le Président ne l'a pas encore fait et non que le Président ne l'a pas fait !», a-t-il indiqué avec beaucoup d'assurance. A une question de TSA sur le sujet, le représentant personnel du chef de l'Etat – qui a prouvé être dans certains secrets en ayant eu la primeur des changements programmés dans la démarche de révision de la Constitution, a été le premier à annoncer, avant le discours de Abdelaziz Bouteflika, les dispositions et les lois qui seront touchées par cette révision – affirme tout l'attachement de son parti «à la nécessité d'effectuer un changement gouvernemental. Parce que lorsqu'il s'agit de revendications populaires, il faut de nouvelles têtes qui regarderont les choses avec une nouvelle vision». Pour lui, «le changement de gouvernement servira à donner plus de vitalité à l'appareil exécutif. Il faut créer une dynamique nouvelle et un nouvel esprit pour affronter la nouvelle étape». Et visiblement, la nouvelle étape, le patron du FLN l'envisage sans son rival, ou du moins en accaparant les plus importantes manettes de décision. Un gouvernement entre les mains du RND semble être l'épine qu'il faut absolument enlever sur le chemin de Belkhadem qui veut présider aux destinées de l'Algérie et ambitionne «de régner sur un peuple» dont il conteste le libre choix parce qu'il le considère «immature».