Le Mouvement des droits et libertés (MDL), fraîchement créé, a établi, à l'occasion de la célébration de la fête internationale des travailleurs, un constat peu reluisant de la situation qui prévaut sur le plan social. Un front social en ébullition puisque, selon le MDL, des conflits sociaux multiples touchent tous les secteurs, alors que l'impasse politique et institutionnelle perdure. D'aucuns estiment que l'Etat croule sous les dizaines de milliards de dollars de la rente pétrolière ; pour le MDL, cette richesse profite surtout aux réseaux de la corruption qui bénéficient d'une impunité totale, au lieu de servir à l'investissement productif. Les militants du MDL sont persuadés que les maigres augmentations de salaires obtenues par les luttes et les sacrifices des travailleurs sont, hélas, immédiatement rattrapées par un processus inflationniste galopant, sous-tendu par une dévaluation du dinar désormais déclarée. «Ce phénomène conduit inexorablement à l'appauvrissement accéléré des classes moyennes, menacées de disparition, aggravant ainsi la fracture sociale. L'élargissement de cette précarité a pour conséquences une exacerbation des luttes sociales, mais aussi un regain des actes de désespoir allant jusqu'à l'auto-immolation», observe-t-on. Ce nouveau parti estime qu'en plus des injustices que subissent les travailleurs, des centaines de milliers de citoyens, jeunes pour la plupart, sont voués à un chômage de longue durée. «Le chômage touche plus particulièrement les diplômés universitaires. Cette situation dramatique est la conséquence de l'abandon par les pouvoirs publics de toute politique de développement, notamment industrielle, seule à même de créer des emplois réels et durables en quantité.» Les adhérents à cette formation, à leur tête Abdesselam Ali-Rachedi, pensent que le pouvoir a bafoué, à plusieurs reprises, les libertés syndicales et l'idée même de l'Etat de droit. En effet, souligne-t-on, face à la montée en puissance du mouvement social et devant le discrédit et l'impuissance des syndicats qui lui sont inféodés, le pouvoir n'a pas d'autre recours que le harcèlement judiciaire à l'encontre des syndicalistes et des syndicats autonomes. A l'occasion de ce 1er Mai, placé sous le signe de l'unité, le MDL rend hommage à toutes les organisations syndicales autonomes et se déclare solidaire avec tous les travailleurs qui luttent pour leurs droits et leur liberté. Il salue également le combat pour la dignité des chômeurs engagé par la CNDDC et, plus particulièrement, Dalila Touat pour son courage face au harcèlement judiciaire dont elle a fait l'objet. Pour le MDL, le combat pour les droits sociaux est indissociable de celui pour les droits politiques et «toute avancée dans la conquête des droits sociaux est en même temps une avancée démocratique. Le combat pour les libertés individuelles et collectives et les droits de l'homme est le meilleur rempart pour la protection des plus faibles».