L'inquiétude de l'Etat et des services antiterroristes français se focalise sur le groupe AQMI (Al Qaîda au Maghreb islamique) qui n'a plus la couverture d'Al Qaîda centrale, concernant les otages français. Paris. De notre correspondante Le ministre de l'Intérieur français Claude Guéant a prévenu hier qu'après la mort d'Oussama Ben Laden, «on pouvait craindre» que la France ne «soit l'objet de représailles. Le ministre s'est également inquiété des menaces «contre les intérêts français et des Français à l'étranger».«Les menaces sont partout et on peut craindre effectivement que la France soit l'objet, comme les Etats-Unis, comme d'autres pays amis, de représailles et d'une volonté de vengeance», a indiqué Claude Guéant sur RTL. «A cet égard, je suis particulièrement inquiet de la situation au Sahel» où quatre Français sont otages d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), a reconnu le ministre. «Il faut savoir que, compte tenu de la situation en Libye, un certain nombre d'armes ont quitté ce territoire pour aller vers la zone occupée par Al Qaîda au Maghreb islamique, en particulier au Mali.» Interrogé sur la sécurité des vols d'Air France, Claude Guéant a répondu : «Des mesures particulières sont d'ores et déjà prises. Nous avons des fonctionnaires de police français présents dans les aéroports africains considérés comme les plus sensibles afin de seconder leurs collègues et de veiller à ce que le maximum de précautions soient prises.» «Nous sommes aussi très vigilants sur nos ambassades», a-t-il ajouté. Le ministre de l'Intérieur français déclarait déjà lundi, à la suite de l'annonce de la mort de Oussama Ben Laden que le «risque terroriste reste élevé» sur l'Hegaxone, avant d'ajouter que «le plan Vigipirate est adapté en permanence en fonction de toute situation nouvelle». Le Premier ministre, François Fillon, avait lui aussi prévenu, dès lundi, que des instructions avaient été données «à nos ambassades dans les pays les plus sensibles pour renforcer la sécurité (...) des lieux, des ambassades et consulats, des écoles, des lycées, et puis également des entreprises françaises dans les zones les plus dangereuses». Dans un entretien publié mardi dans La Provence, le Directeur central du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, a estimé que la menace d'attentats s'aggrave avec la mort d'Oussama Ben Laden et a dit son inquiétude pour les ambassades françaises et les vols d'Air France. L'inquiétude de l'Etat et des services antiterroristes français se focalise sur le groupe AQMI (Al Qaîda au Maghreb islamique) qui n'a plus la couverture d'Al Qaîda centrale, concernant les otages français. Claude Guéant assurait lundi que pour le moment, «il n'y a pas d'éléments qui permettent de craindre davantage» pour les otages français. «Nous tentons toujours de trouver les moyens d'aboutir à leur libération». En matière de lutte antiterroriste sur le territoire français, Claude Guéant a indiqué hier qu'en 2010 «ce sont 96 personnes qui ont été interpellées pour des actions en relation avec le terrorisme, 36 d'entre elles ont été écrouées». Pour sa part, le président de l'Observatoire international du terrorisme, Roland Jacquard, a révélé, lundi, sur le plateau de «C'Dans l'air» de France 5 que la coopération entre les services de renseignement algérien et français avait permis de déjouer un «attentat kamikaze extrêmement grave» qui devait se produire, en 2010, sur le territoire français. «C'est un terroriste qui s'appelait Djouadi, un Algérien, qui a été interpellé grâce à une collaboration entre les services secrets algériens et la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur)avec l'appui de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure)», a expliqué Roland Jacquard. Selon le spécialiste français, il devait permettre la constitution d'un réseau kamikaze sur le territoire français. «Il devait venir en France avec une équipe de kamikazes», souligne Jacquard. La presse française avait fait état «d'une menace terroriste importante» au courant du mois de septembre 2010. Le plan Vigipirate est au niveau Rouge, l'avant-dernier sur l'échelle des risques, depuis les attentats depuis les derniers attentats, en 1996. Créé en dans les années 90, suite aux attentats qui ont frappé la France, le plan Vigipirate associe l'action de la police et de l'armée sur des sites particulièrement sensibles. A l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden, plus de 600 hommes ont ainsi été dépêchés dans la capitale pour effectuer des patrouilles. Claude Guéant a d'ailleurs déclaré que «le niveau terroriste était élevé avant la mort de Ben Laden. Il reste élevé après sa mort». Quid du devenir d'Al Qaîda ? «Al Qaîda est une organisation très décentralisée. Les groupes qui y ont fait allégeance sont très autonomes et puis il y a des groupes dans la nébuleuse terroriste qui ne sont pas reliés directement à Al Qaîda», a relevé Claude Guéant. Interrogé par Le Figaro, l'ancien interrogateur du FBI, Ali Soufan qui a été responsable de l'enquête menée par le FBI au Yémen après l'attentat contre l'USS Cole en 2000 et qui a interrogé ensuite plusieurs lieutenants d'Oussama Ben Laden, détenus aux Etats-Unis, après les attaques du 11 septembre 2001, estime qu'«en lieu et place du djihad global qui va décliner, on va assister localement à l'émergence de mouvements salafistes djihadistes, en Jordanie et en Libye, notamment». Et «à court terme, Al Qaîda va essayer de venger Ben Laden, mais les terroristes ne sont plus capables de perpétrer des attentats spectaculaires, comme ceux du 11 Septembre. Pour une raison simple : s'ils avaient pu le faire, ils l'auraient fait avant, ils n'auraient pas attendu la liquidation de leur chef. Ce qui m'inquiète davantage, ce sont les terroristes maisons, qui vont tenter de passer à l'action».