Une trentaine de tableaux aux dimensions variées et aux styles épars, signés par l'artiste peintre Samia Boumerdassi, orneront, jusqu'au 13 de ce mois, les cimaises de la galerie d'art de l'hôtel El Djazaïr à Alger. Prolifique et infatigable à la fois, la plasticienne Samia Boumerdassi revient au devant de la scène picturale - après avoir exposé en mars dernier, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme au palais de la culture Moufdi Zakaria - avec une collection riche d'une trentaine d'œuvres. Cette série de tableaux est un genre de rétrospective oscillant entre les années 1998 et 2011. Cette sélection délibérée de tableaux se décline en des styles différents, dont l'aquarelle, l'acrylique et la peinture à l'huile, utilisés sur des supports multiples, dont la toile, le carton, le papier ou encore la mousseline. Un tissu donnant, a priori, une transparence et une fluidité de toute œuvre terminée. Une petite virée dans l'espace réservé à cette exposition permet de recenser des œuvres singulières, émouvantes, mélancoliques, à la fois fragiles et intenses. Intitulée «Muse printanière», la collection de Samia Boumerdassi peut se targuer de raconter des séquences de vie joyeuses ou encore malheureuses. Souffle de liberté En effet, ses œuvres ne laissent pas indifférent. Elles sont graphiques, épurées et esthétiquement surprenantes. L'humain est toujours au centre de son travail, et plus particulièrement la femme et l'enfant. Le talent indicible de cet artiste laisse entrevoir en filigrane, dans son travail, des codes dont le visiteur perce le secret en contemplant religieusement ses œuvres. Dans le tableau initialement intitulé Tokyo, une procession de silhouettes longitudinales aux couleurs bigarrées déambule dans le néant, à la recherche d'un but encore non identifié. Artiste est une œuvre submergée d'émotion. Une musicienne à la longue chevelure généreuse, sapée d'une robe de soirée évasée, va, d'un pas décidé, vers son public. Un vent de liberté et de soulagement semble l'animer. Jardins du monde est un tableau symphonique dédié à toutes les femmes du monde. Une femme à l'allure élancée et aérienne apparaît sereine. Son corps filiforme est enveloppé dans une fouta, rehaussé d'un chemisier en mousseline. L'Attente est un tableau grandeur nature brossant la tristesse dans le regard d'une femme. Un peu apeuré par la pénombre de la nuit, celle-ci est armée d'un lampadaire. Elle tente de trouver une issue à ce cauchemar certain. Samia Boumerdassi propose également deux portraits de jumelles africaines. L'artiste excelle également dans la miniature traditionnelle puisqu'on retrouve un tableau ancien baptisé Rêverie. Une Algéroise, habillée à la traditionnelle, se prélasse dans son salon. L'artiste s'est plue à respecter la symétrie de l'esprit de la miniature. Samia Boumerdassi confie qu'elle est à l'aise dans toutes les techniques et qu'elle a la culture du travail. «Il faut une sincérité dans le pinceau. Je suis hantée par les couleurs. J'ai été initée à l'amour de la couleur et de la lumière par mon regretté père qui était maquettiste à l'ex-SNED (Société nationale d'édition et de diffusion) De son vivant, il m'avait prodigué plusieurs précieux conseils», dit-elle, toute émue. Pour rappel, Samia Boumerdassi est docteur généraliste et auteure. Elle a publié dernièrement, à compte d'auteur, un recueil de poésie intitulé Patchwork des sens.