Militant de la première heure, Salah Boubnider, dit Sawt Al Arab, fut un patriote sincère et un chef révolutionnaire redoutable. Son engagement pour la cause nationale avant et durant la guerre de Libération nationale lui permit de se forger la stature d'un grand dirigeant politique et militaire. Le colonel Boubnider fut également connu pour son esprit d'organisation hors pair. Sa disparition, le 27 mai dernier, est une perte pour toute l'Algérie. Ammi Salah, comme le surnomment ses proches, est né à Oued Zenati (Guelma) dans une famille extrêmement modeste. Très jeune, il s'engagea dans les rangs des Scouts musulmans algériens (SMA) puis du PPA-MTLD. Ses activités lui valurent une première arrestation suivie d'une condamnation au lendemain des tragiques événements du 8 Mai 1945. On dit que sa mère avait vendu l'unique vache qu'elle possédait pour lui constituer un avocat ! Membre de l'Organisation secrète (OS) en 1947, il fit la connaissance des grandes figures de la révolution, notamment Mohamed Boudiaf, Mourad Didouche, Larbi Ben M'hidi... Il fut arrêté une seconde fois en 1950 avec le démantèlement de l'OS. Après sa libération, il reprit ses activités militantes. A la veille du 1er Novembre 1954, il fut contacté par Didouche pour des opérations combinées. Il participa aussi aux opérations du 20 août 1955. Grâce à ses talents, Si Salah se retrouva vite chef de la Wilaya II (Nord constantinois). En sa qualité de membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), il assista au congrès de juillet 1962 tenu à Tripoli. Au cours des travaux, il n'hésita pas à stigmatiser l'attitude de Ahmed Ben Bella. Au lendemain de l'indépendance, Boubnider s'opposa farouchement au premier président de l'Algérie indépendante : Ben Bella. D'ailleurs, son opposition lui valut une déportation au sud du pays. Après le renversement de Ben Bella en 1965, il rallia le Conseil de la révolution duquel il démissionna deux ans plus tard. En 1988, il fonda, avec d'autres personnalités, la Ligue des droits de l'homme. Avec l'arrivée de Liamine Zeroual à la Présidence, Ammi Salah renoua avec la scène politique pour présider, en 1996, la Commission de surveillance des élections législatives. Il devint, par la suite, membre du Sénat (tiers présidentiel). Il démissionna de cette institution quelques mois plus tard pour protester contre les harcèlements judiciaires ayant ciblé la presse indépendante. Il continua son combat pour la démocratie et les droits de l'homme jusqu'à la fin de sa vie, notamment au sein du Comité des citoyens pour la défense de la République (CCDR).