Les cadres syndicaux du secteur de l'agroalimentaire regroupés, hier, à la Maison du peuple n'ont pas dérogé sur le maintien de l'action de protestation décidée pour le 20 septembre prochain. Toutes les interventions convergeaient en fait sur la mobilisation pour cette date. Pis, ces cadres n'écartent nullement le principe d'aller à la grève générale suivie d'une marche et d'un sit-in devant le Palais du gouvernement, tel que préconisé le 17 juin dernier. La décision est toutefois laissée au choix de la base et à l'UGTA qui devrait l'appuyer. Cela dans le but de défendre leur outil de travail et celui de s'opposer à un partenariat non « transparent ». Hier encore, tous, comme un seul homme, ont tenu à dénoncer le « bradage » des entreprises publiques et particulièrement celles relevant du secteur de l'agroalimentaire. Dans son intervention, le secrétaire général de la Fédération des travailleurs des industries agroalimentaires, Kamel Benabbou, n'y est pas allé de main morte pour dénoncer l'intention des pouvoirs publics, celle de vouloir « brader » les entreprises de l'agroalimentaire. « Des unités de production du lait et ses dérivés sont déjà programmées pour être vendues dans les prochains jours », a-t-il révélé. Celui-ci, contenant à peine sa colère, dira : « Nous sommes là pour dire que nous en avons marre de la médiocrité et de la hogra de ce Pouvoir. » N'étant pas tendre avec les pouvoirs publics, il dira que « ce sont eux qui ont rendu la situation des entreprises publiques dans un état critique en faisant venir des investisseurs étrangers sous les orientations du FMI et de la Banque mondiale ». Plus loin encore, il estimera que « par l'application du volet social, on nous a fait sortir tous les meilleurs cadres, et en plus de cela ils veulent nous ramener un marché parallèle », se plaint-il. Selon lui, « le gouvernement est prêt à faire sortir 200 000 travailleurs en suivant les orientations de la Banque mondiale et du FMI ». Le représentant de l'Entreprise nationale des corps gras (ENCG), Kamel Aliane, abonde dans le même sens, estimant que « la protestation du 20 septembre ne se discute même pas ». « On est pour un partenariat sur la base de critères bien précis et faits dans la transparence », dira-t-il. S'exprimant sur l'ENCG, M. Aliane dit ne pas comprendre pourquoi les banques s'opposent à leur donner des crédits pour l'approvisionnement en matières premières. Il estime les créances détenues sur les entreprises publiques et privées à 400 millions de centimes. Quant aux créances totales que détiennent les entreprises de l'agroalimentaire sur certaines entreprises dissoutes, entre autres l'Edipal, l'Enepal et les Galeries algériennes, M. Benabbou les évalue à 10 millions de dollars. Alors que la dette de ces entreprises est, selon lui, inférieure à 30% de ces créances. « Nous avons des créances détenues sur des entreprises dissoutes et les liquidateurs ne veulent pas nous rembourser au moins une partie de ces créances », regrette-t il. La seule et unique femme de l'agroalimentaire, Mme Rahmani, voit en la journée du 20 septembre une « réelle démonstration » pour « le droit à l'activité syndicale ». Pour le représentant de Giplait, M. Ben Khaled, la réunion d'aujourd'hui (hier, ndlr) « n'est qu'une confirmation de notre mobilisation ». En s'interrogeant, pour sa part : « Pourquoi vendre des entreprises qui ont dégagé des bénéfices ? » L'article 87 bis portant SNMG n'a pas échappé aux critiques de M. Benabbou. En effet, selon lui, cet article impose des contraintes qui font que le SNMG perçu à 10 000 DA ne revient en réalité qu'à 6000 DA. Dans son intervention, le représentant de la centrale syndicale, Abdelkader Malki, reconnaît que les réformes telles que menées aujourd'hui ne sont pas faites comme souhaité. Il a soutenu que l'UGTA « est prête pour accompagner le gouvernement dans les réformes économiques pourvu que celles-ci préservent le tissu industriel et les travailleurs ». Mais, avertit-il, « pas de réformes sans partenaire social ». « Nous voulons que cela se fasse dans la transparence et dans la visibilité », a-t-il dit. Il révèle qu'une réunion devrait avoir lieu durant la semaine prochaine pour passer en revue certains dossiers et notamment celui du secteur de l'agroalimentaire. Il promet d'aider à trouver des solutions aux travailleurs du secteur de l'agroalimentaire « dans le cadre du dialogue ».