Le syndicat UGTA dénonce de nouveau la mauvaise gestion des entreprises publiques de la branche. La Fédération nationale des industries agroalimentaires maintient sa menace de recourir aux démonstrations de force, au cas où les pouvoirs publics persisteraient “à faire la sourde oreille” aux revendications exprimées en juillet dernier lors d'une rencontre qui s'est tenue à Alger, et au cours de laquelle un véritable SOS a été lancé à l'adresse du gouvernement. Hier encore, le secrétaire général de la Fédération, Benabbou Kamel, revient à la charge pour dénoncer ce qu'il appelle “une volonté délibérée de casser le secteur agroalimentaire public pour par la suite le privatiser”. Le 20 septembre prochain, la Fédération compte organiser un rassemblement au niveau de la Centrale syndicale à la Maison du peuple. Lors de ce rassemblement, il sera décidé de l'action de protestation à mener. M. Benabbou parle de grève générale, d'une marche à Alger ou d'un sit-in devant le Palais du gouvernement. Le secteur général de la Fédération n'hésite pas à parler de “destruction planifiée d'un secteur stratégique jouissant d'un marché assuré”, accusant certains responsables d'être “à la solde de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international”. Benabbou justifie ses propos, par le blocage depuis quelques années, du financement des approvisionnements. Du coup, les sociétés telles que l'Encg, l'Eriad, l'Enajuc, l'Onab risquent, selon cette organisation, de subir “une déstructuration financière”, alors que ces entreprises détiennent des créances, sur d'autres entreprises, malheureusement, dissoutes. “C'est une question de vie ou de mort”, lance le secrétaire général de la Fédération. Elles se chiffrent à de centaines de milliards, nous dit-on. “Notre argent est chez l'Etat”, souligne Benabbou. Pour ce dernier, le marasme qui prévaut au sein de certaines entreprises du secteur, est dû à la mauvaise gestion. Il ne comprend pas comment des “managers, jouissent toujours d'une impunité en dépit des graves défaillances de gestion relevées par les responsables concernés”. En tout état de cause, la fédération annonce qu'elle s'opposera à toute privatisation ou opération de partenariat, si elle n'est pas associée dans le processus décisionnel. Il révélera que des appels d'offres pour la vente des entreprises de production de lait seraient lancés au cours de ce mois-ci. Abdelkader Malki ne semble pas partager le discours “extrémiste” des syndicalistes de l'agroalimentaire. Malki explique que le dossier est pris en charge par la Centrale syndicale. Il souligne que l'Ugta est prête à accompagner le gouvernement dans l'application des réformes, à condition que ces réformes préservent l'emploi et le tissu industriel et qu'elles se fassent dans le cadre de la concertation. De ce point de vue, l'Ugta souhaite une rentrée sociale “sans problèmes”. “Les conflits doivent trouver leurs solutions dans le cadre des négociations”, explique-t-il. Ce discours semble n'avoir pas convaincu le secrétaire général de la fédération, qui a exhibé à son auditoire une note qui, selon lui, émane du Comité de participation de l'Etat, qui explique “la nécessité pour l'Etat de se désengager de la sphère marchande” et qui souligne le fait que “l'Etat n'a rien privatisé”. La note suggère que les nouveaux paradigmes que doit suivre l'Etat sont “efficacité, rationalisation des dépenses et rapidité de décision et d'exécution”. En fait, les entreprises publiques exerçant dans le secteur agroalimentaire subissent une forte concurrence de la part du privé algérien et de l'importation. Du coup, leurs parts de marché s'amenuisent d‘année en année, d'où la nécessité de recourir au partenariat. Le Conseil national économique et social constate dans son dernier rapport de conjoncture que la branche agroalimentaire a enregistré un net recul de (-20,5%), ce qui confirme le déclin qu'elle connaît depuis quelques années. Cette branche ne représente que 37% dans l'indice global du secteur industriel en 2003, contre 50%, il y a de cela quelques années. M. R.