Des pressions étaient exercées par Israël sur l'Union européenne (UE), notamment à l'approche de son sommet de la semaine dernière. Et la réponse attendue de cette dernière n'allait pas être quelconque, c'est-à- dire sans intérêt, puisque précédée d'un vote vendredi du Congrès américain déniant tout simplement aux Palestiniens le droit de choisir leurs représentants sans les différentes institutions. Et pour ainsi dire, celles-ci ont été littéralement prises d'assaut par les éléments du mouvement Hamas, élus par la population palestinienne, dans ce qui est considéré comme un test avant les législatives de janvier prochain, si bien entendu, une telle échéance est maintenue. Israël, rappelle-t-on, avait déjà manifesté son opposition à une participation de ce mouvement, partisan par ailleurs de la lutte armée pour mettre fin à l'occupation israélienne, à la vie politique et institutionnelle, menaçant d'empêcher la tenue des élections. Et cette fois, c'est étrangement le chef de la Politique extérieure et de sécurité commune (PESC) européenne qui croit utile d'intervenir sur un sujet qu'il connaît parfaitement y compris en ce qui concerne l'appui qu'il obtient, principalement arabe. A entendre Javier Solana, il sera difficile à l'UE d'œuvrer avec l'Autorité palestinienne si le mouvement Hamas devait remporter les élections de janvier. Ce qui est grave au moins au niveau des critères dits démocratiques que l'Europe dit défendre. Il a expliqué que l'UE ne s'opposerait pas à la participation du Hamas aux élections législatives du 25 janvier mais a mis en garde contre les conséquences d'une arrivée au pouvoir du Hamas qui ne reconnaîtrait pas Israël et ne renoncerait pas à la violence. En parler ainsi, c'est exclure ce que certains considèrent comme une métamorphose de ce mouvement, demeuré en marge de l'action politique, et également fort de ses déclarations jusque et y compris dans l'étendue de sa lutte. « Je parle de ce qui arriverait après les élections », a-t-il déclaré à la presse. « Il sera très difficile après les élections d'avoir affaire à une partie qui, tout en ayant participé aux élections, continue de se conduire comme une force militaire », a-t-il dit. « Et nous avons clairement affirmé que le processus politique, soutenu par l'UE, ne pouvait soutenir la violence », a-t-il ajouté. L'UE est membre du Quartette (Etats-Unis, Russie, Onu, UE) auteur du projet mort-né appelé la « feuille de route », dernier plan de paix international pour une solution au conflit israélo-palestinien prévoyant la création d'un Etat palestinien avant la fin de cette année. La résolution finale du sommet de Bruxelles semblait, quant à elle, un peu plus équilibrée, stipulant notamment que « tous les groupes palestiniens, y compris le Hamas, doivent renoncer à la violence, reconnaître le droit d'Israël à exister et désarmer ». L'histoire a permis de constater que c'est au contraire Israël qui s'oppose à ces clauses, en refusant notamment de souscrire à un cessez-le-feu, comme le prévoit la feuille de route dans ce qu'elle considère comme les mesures de confiance . A cette fin, relève-t-on, le conseil « exhorte le gouvernement israélien à cesser toutes les activités contraires au droit international dans les territoires (relevons l'anonymat ou l'absence de qualificatif, ouvrons ainsi la voie à toutes les dérives), y compris l'établissement de colonies, la démolition des habitations palestiniennes et la construction de la barrière de séparation dans les territoires occupés ». Et d'ajouter que « les activités israéliennes dans et autour de Jérusalem-Est provoquent des inquiétudes particulières, principalement dans la perspective de parvenir à un accord définitif sur Jérusalem ». Le déséquilibre est manifeste, car jusqu'à preuve du contraire, c'est bien Israël qui occupe les territoires palestiniens et bafoue ce fameux droit international lequel reconnaît aux peuples sous occupation le droit de recourir à tous les moyens pour se libérer. La lutte armée ne dure pas un temps, et ne concerne pas un seul peuple ou une seule entité. Car c'est bien de lutte de libération qu'il s'agit, et ce rapport dominant-dominé au demeurant bien réel comme le prouve la situation imposée aux Palestiniens, est sans cesse occulté. Il s'est encore manifesté hier avec le recours aux moyens propres à des guerers classiques. L'aviation israélienne a, en effet, effectuée treize attaques dans la nuit de dimanche à lundi visant des routes d'accès des secteurs du nord de la bande de Ghaza. Selon la version israélienne, fausse bien entendu, ces raids avaient visé des « zones non habitées » et qu'ils avaient été décidés après qu'une roquette artisanale tirée depuis le secteur eut explosé près de la zone industrielle d'Ashkélon, où se trouvent notamment d'importantes réserves de carburant. Selon des témoins palestiniens, les raids israéliens ont provoqué d'énormes cratères qui ont coupé les routes reliant les localités de Beit Hanoun et de Beit Lahya, dans le nord de la bande de Ghaza, à Ghaza-ville. Les raids ont également provoqué une panne électrique généralisée dans le nord de la bande de Ghaza. Le mouvement radical palestinien Jihad islamique a revendiqué le tir en direction d'Ashkélon. Le 15 décembre, une roquette tirée par le Jihad islamique avait déjà touché ce secteur sans faire de blessé. Ce mouvement entendait venger l'assassinat de ses militants quelques jours auparavant. Dans ce cas-là, le parti pris consiste à ne retenir que l'attaque palestinienne. Tel qu'appréhendé, il pousse à l'effet contraire, celui de la radicalisation. Quant à l'Europe qui dit défendre des valeurs, elle ne peut s'opposer au choix des Palestiniens.