En Algérie, les cancéreux meurent tous les jours. De la maladie, mais surtout de la mauvaise gestion et de la négligence des autorités. Le ministère peut toujours nier : sur trente pays qui apparaissent dans un classement de lutte contre le cancer réalisé par l'Organisation mondiale de la santé, concernant quatre pathologies de cancer, l'Algérie figure au dernier rang. Enquête. Depuis des mois, associations de lutte contre la maladie du cancer et professionnels de la santé lancent un cri de détresse aux pouvoirs publics pour dénoncer la pénurie des médicaments et le dysfonctionnement de la prise en charge thérapeutique des cancéreux. Des ruptures chroniques qui ne cessent de pénaliser malades, médecins et pharmaciens d'officine. Les malades sont quotidiennement confrontés à des difficultés d'accès aux soins en raison de certains médicaments en rupture de stock. «Certains patients décèdent avant le jour de leur rendez-vous pour les soins, fixé, dans la plupart des cas, des mois après le diagnostic», déplore Samia Gasmi, présidente de l'association Nour Doha. De son côté, le ministère de la Santé, même s'il ne fait pas la sourde oreille, ne fait rien de concret pour que, sur le terrain, notamment en dehors de la capitale, la situation s'améliore réellement. Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, a déclaré récemment que les médicaments anticancer représentaient le tiers de la facture de la Pharmacie centrale des hôpitaux, soit 8,5 milliards de dinars. Alors pourquoi la pénurie persiste-t-elle encore ? Cinq nouveaux centres prévus «L'origine du problème vient de la mauvaise gestion et du manque de personnel et de matériel médical, en particulier dans les régions éloignées où même le sérum bicarbonaté (sérum permettant la réhydratation d'un patient, aussi utilisé comme solvant pour de nombreux médicaments, ndlr) se fait rare», indique Samia Gasmi. Depuis 2004, Nour Doha déploie une trentaine de médecins bénévoles à travers le pays, qui se déplacent pour proposer des consultations à titre gratuit. Depuis le début de cette campagne, plus de 3000 consultations ont été réalisées par ce groupe de médecins à travers les villes où sont implantés les locaux de l'association (voir carte). Mais cette alternative, à savoir l'aide fournie par les différentes associations de lutte contre le cancer, demeure insuffisante devant la demande importante de ces malades livrés à eux-mêmes. S'agissant des structures de prise en charge du cancer, le ministre de la Santé a confirmé l'ouverture de cinq nouveaux centres dans les prochains mois (Sétif, Annaba, Batna, Tlemcen et Sidi Bel Abbès) qui viendront renforcer ceux existants. En attendant, les cancéreux peuvent s'accrocher à l'espoir de trouver les médicaments nécessaires au niveau des centres de soins, tenant compte de la promesse de Djamel Ould Abbès qui a assuré début mai qu'«il n'y aurait pas de pénurie de médicaments cette année».