L'âge des jeunes en Algérie aurait-il été revu à la hausse ? En tous les cas, à voir dimanche dernier les représentants des associations des jeunes défiler chez Abdelkader Bensalah, c'était tout, sauf des jeunes. Pour la circonstance, on a sorti les costumes et les cravates, en prenant le soin de se tailler les moustaches. Cartable à la main, ils sont venus plaider la cause des moins de vingt ans au look décontracté, survet' et casquette inclinée. Des associations, sans ancrage que même Google ne connaît pas, sont considérées par Bensalah et consorts comme les dignes représentants de la jeunesse algérienne, du moins les jeunes répertoriés ainsi sous l'ère Boumediene. Comme on pouvait s'y attendre, ils ont parlé de tout, sauf des problèmes de jeunes et de la gérontocratie, mais que proposent-ils ? En langage FLN, chacun y va de sa vision des choses. Le docteur Hammana Boucherma, président de l'Association des jeunes pour la santé, la culture et le développement, a préconisé la mise en place de nouvelles normes, telles «la compétence, l'intégrité et la fidélité à la nation» pour accéder aux postes de responsabilité. On l'a bien compris, une carte FLN sera exigée pour remplir ces conditions. Son collègue, Samir Beghiri, président de la Fédération algérienne des activités scientifiques et techniques pour les jeunes, en langage administratif, a critiqué la situation dans laquelle se trouvent les associations algériennes «qui sont en butte, entre autres, au mépris du ministère de l'Intérieur», précisant qu'il est nécessaire désormais «de réviser la loi sur les associations de jeunes, la révision des conditions d'octroi des agréments pour ces associations, notamment l'obligation d'être déjà présent dans au moins 25 wilayas». Sur la même lancée, le représentant de l'Association nationale des jeunes intellectuels, Moncer Abdelmadjid, a insisté sur la nécessité des réformes à venir «surtout pour les jeunes» en espérant qu'elles seront «profondes et globales», basées sur une lutte sans relâche contre la corruption «qui gangrène la vie du pays». Pour sa part, le président de l'Organisation nationale pour la promotion des jeunes, Riad Sekkal, a attiré l'attention, en langage apaisé, sur le fait que «le dialogue est le meilleur allié pour toute réforme», affirmant à cet effet qu'il faut donner aux jeunes la possibilité d'émerger, tout en réclamant de baisser l'âge d'éligibilité à 23 ans, «pour l'accès à tous les postes, sauf celui de président de la République». Bien évidemment, il ne faut pas contrarier les candidats déclarés des prochaines présidentielles. Sekkal plaide aussi pour la création d'un ministère spécifique pour la jeunesse et le mouvement associatif. En l'écoutant, Djiar appréciera les propos et désormais, il sait qu'il ne lui reste qu'à fermer les portes du ministère de la Jeunesse et des Sports. Il exige également la création d'un conseil supérieur pour les jeunes. Encore à boire et à manger. Le président de l'Association nationale d'information et de communication dans les milieux des jeunes, Ferhat Mohamed Saïd, quant à lui, pense que l'Algérie doit proposer un nouveau projet de société, en prenant le soin d'emprunter un langage issu de la commission Bensalah «pour ce faire, il faut la participation de tous et bannir ceux qui prônent l'extrémisme et la violence», tonne-t-il en précisant que l'Algérie «est pour tout le monde et personne n'a le monopole du nationalisme». Les jeunes harraga peuvent donc rentrer au pays. Pour ceux branchés devant leur écran à la recherche d'une âme sœur de l'étranger, pas la peine, puisque en langage codé Ferhat Mohamed Saïd lance : «Pas de pessimisme, l'optimisme est à la portée de tous, l'Algérie a de gigantesques moyens matériels et humains, et pour une fois, on compte nous en faire profiter !» Enfin, «l'heureux» secrétaire général de l'UNJA, Mohamed Madani, qui clôturera la séance, en langage policier, appelle à la nécessité de l'instauration d'un système de contrôle sur les associations «surtout celles qui ont des relations avec les ONG internationales». Bensalah sait désormais tout des problèmes des jeunes.