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Place aux garagouz !
Aïn Temouchent. Festival du théâtre de marionnettes
Publié dans El Watan le 11 - 06 - 2011

Après une longue période de déchéance, cet art se signale par un élan vers le renouveau.
Avec la 5e édition de son festival national qui s'ouvre après demain, le théâtre de marionnettes revient dans les tablettes de la chronique nationale, lui, qui, le reste du temps, vit replié dans l'humilité et la discrétion. Sur une vingtaine de spectacles de troupes ayant candidaté, dix ont été sélectionnés en compétition. Six parmi ces derniers sont des œuvres de troupes ayant été primées lors des précédentes éditions. En plus des dix inscrites dans le «in», une quarantaine de représentations sont à l'affiche en «off» à travers la wilaya comme au sein des théâtres régionaux (Oran, Mascara, Sidi Bel Abbès, Saïda) et des maisons de la culture (Tiaret, Mostaganem, Chlef).
La programmation en ces scènes extérieures offrira aux troupes l'inestimable occasion de se produire dans des conditions professionnelles (qualité de l'espace scénique et conséquents supports techniques en régie), elles qui sont reléguées habituellement dans des salles polyvalentes ou des cours d'école, des lieux où l'acte théâtral relève plutôt de l'animation récréative que du 4e art. A cet égard, au palmarès du festival, le prix du meilleur castelet a été remplacé par celui de la scénographie, de façon à ce que les mises en scène du théâtre de marionnettes prennent en compte les exigences de la représentation dans des salles conventionnelles.
Ce décloisonnement du théâtre de marionnettes est accompagné par l'invitation faite cette année à un influent aréopage de représentants du monde du théâtre d'acteur, cela afin de jeter des passerelles avec ce dernier. Cette initiative réussira-t-elle à extraire le théâtre de marionnettes du ghetto dans lequel il est confiné ? Les théâtres d'Etat réagiront-ils positivement en montant eux aussi, avec les moyens importants dont ils disposent, des spectacles de marionnettes ? Aideront-ils ce théâtre à n'être plus qu'un théâtre s'adressant au public enfantin, lui qui, ailleurs, dans la pratique universelle, s'adresse également au public adulte ? Avec pour devise, cette année, «La marionnette en arc-en- ciel», la présente édition ambitionne de creuser davantage les prometteurs sillons tracés lors des précédentes éditions.
A cet égard, il n'est pas sans intérêt de rapporter ici les réalités et les contraintes qui caractérisent l'existence de ce théâtre. Il est d'abord un théâtre pleinement professionnel puisqu'il vit principalement de la billetterie, l'essentiel de ses rentrées n'étant pas réalisé, comme pour le théâtre d'acteur, grâce à la vente de ses spectacles à des institutions qui les offre gratuitement au public. Cependant, contrairement à ce dernier, il dispose d'un avantage appréciable du fait de l'existence d'un public acquis par nature. En effet, contrairement aux adultes, les enfants sont autrement plus tenaillés par leur besoin fondamental de nourrir leur vie fantasmatique. C'est un public qui paie sa place. Mais, du fait d'être soumis à la billetterie et à ses maigres rentrées, les troupes vivent dans une totale précarité, chaque compagnie étant obligée de donner plusieurs spectacles par jour dans de harassantes tournées à travers les établissements scolaires, faute d'un autre réseau de distribution. Cette précarité se traduit également dans la composition de l'effectif artistique des compagnies, la plupart étant des entreprises familiales. Leurs animateurs, ne pouvant rétribuer les services de marionnettistes, constituent leurs troupes en engageant épouse et enfants dans l'aventure.
Par ailleurs, en raison du circuit forcé de distribution scolaire et de l'idéologie rétrograde (conformisme, pédagogie infantilisante, etc) qui règne à l'école, les spectacles donnés sont tenus de se conformer à une thématique indigente et à un moralisme outrancier. En outre, pour «tenir» un public nombreux et braillard, réuni en plein air en général, l'intrigue est réduite à peu de choses, la représentation est entrecoupée par des intermèdes musicaux diffusés avec force décibels, les dialogues sont en play-back et les marionnettes agitées, plutôt que manipulées. Les tares, dont est lesté ce théâtre, lui viennent en outre des conditions de sa naissance et de son développement. En effet, il a été promu en Algérie par le secteur de la jeunesse et des sports à travers son école de Tixeraïne et ses maisons de jeunes. L'objectif était l'animation et non pas l'art théâtral, les animateurs des maisons de jeunes n'ayant pas vocation à être des hommes de théâtre. Avec l'émission «El Hadika Essahira» d'alors, la télévision a fait le reste pour enferrer la marionnette dans l'art de l'animation et le souci «d'éduquer».
Le Théâtre régional d'Oran a été le seul des sept théâtres publics d'antan à s'être intéressé au théâtre de marionnettes. Il l'avait fait en 1967 en ouvrant un atelier de marionnettes. Mais l'expérience, qui a été de courte durée, avait été conçue au sein d'un atelier de théâtre pour enfants. Par comparaison, le théâtre d'acteur, particulièrement le théâtre amateur, a échappé à ce type de tutelle, ce qui lui a permis d'évoluer et de coller à chaque époque. Il s'était organisé au sein d'un mouvement sous l'influence politico-idéologique des décennies 1970 et 1980, échappant aux SMA (Scouts musulmans algériens) qui lui avaient donné son festival à Mostaganem. Ce théâtre, en perdant ses illusions révolutionnaires durant les années 1990, s'est refondé, entraînant le théâtre professionnel dans la remise en cause de son éthique et de son esthétique, ainsi que de sa thématique. Le théâtre de marionnettes avait, lui aussi, son festival à Chlef, mais il se tenait à la faveur de commémorations, constituant un «supplément d'âme» aux festivités officielles.
Il a fallu donc attendre 2007 et l'institutionnalisation d'un festival au profit du théâtre de marionnettes, pour que ce dernier commence à se hisser hors de l'ornière. La manifestation a réussi à lui insuffler le désir du renouveau, loin de la pratique archaïque et des moyens rudimentaires qui le caractérisaient. Au fur et à mesure des éditions, l'émulation et l'incitation financière ont fait leur œuvre. Les progrès engrangés l'ont été dans le renouvellement des écritures scéniques et dramatiques, les troupes rivalisant dans l'innovation, se mettant au diapason de la pratique universelle actuelle, même si, par ailleurs, la source d'inspiration puise majoritairement dans les «kane ya makane» des contes et légendes à base d'intrigues princières ou animalières.
Cette mutation en cours ne se fait pas sans heurt. Les troupes, qui tenaient jusque-là le haut du pavé, activant selon une vision étriquée et dogmatique de l'art de la marionnette, n'ont pas manqué de contester la nouvelle dynamique. Si certaines ont entamé la remise en cause de leur pratique, d'autres se sont mises en position de repli, ayant du mal à se repositionner. Celles en particulier qui ont eu la possibilité d'un contact avec la pratique en Europe sont en train de tracer la voie. De la sorte, l'usage des différents types de marionnettes s'est généralisé, ce qui était, au demeurant, le plus aisé à investir en premier. Par ailleurs, le théâtre d'objet et le théâtre d'ombre (des ombres en couleurs !) ont fait leur apparition.
Dans certains cas, les plus innovants, les dialogues ne sont plus en play-back, le spectacle étant, alors, totalement vivant, se permettant enfin d'être en interaction avec le public. La diversité des genres et des techniques fait que la marionnette n'est plus essentiellement utilisée pour faire passer un «message», son théâtre refusant de plus en plus de demeurer bien pensant. A cet égard, lors de la dernière édition, le grand prix a été décroché par une troupe dont le spectacle a relevé du café-théâtre, investissant la fantaisie et l'humour plutôt qu'une énigme avec une lourde fin moralisatrice.


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