En plus des ponctions sur salaire, le ministère de la Santé opte pour des sanctions de 2e et 3e degrés, ce qui équivaut à des blâmes, voire des révocations. Quant à eux, les médecins résidents se dirigent vers un arrêt des gardes. Après les déclarations incendiaires du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, il y a plus de dix jours, sur la contestation des médecins résidents, la tutelle opte pour le silence, mais ne baisse pas pour autant les bras. Dernière stratégie pour contrer la détermination des médecins résidents, des ponctions sur salaires décidées et appliquées par le ministère de la Santé ces deux derniers jours. Des notes ministérielles, circulant justement dans les hôpitaux, invitent les chefs de service à faire des ponctions sur salaires pour les grévistes dont les absences sont considérées comme des manquements injustifiés à leurs obligations de travail. Ce n'est pas tout. D'autres notes exigent également de faire appel à des médecins résidents non grévistes en vue de négociations imminentes avec la tutelle, et encore plus alarmant : appliquer des sanctions de 2e et 3e degrés pour les médecins grévistes, ce qui équivaut à des blâmes, voire à des révocations. «Ces notes circulent depuis des jours, et nous avons la confirmation de plusieurs médecins résidents de différents hôpitaux qui ont eu des ponctions sur salaires. A l'hôpital Mustapha, on a relevé des ponctions de 12 jours, à l'hôpital de Blida, c'est carrément tous les salaires qui ont été bloqués», révèle le docteur Yelles, délégué à l'hôpital Mustapha Pacha. Ces mesures interviennent au moment où la crise atteint son paroxysme, avec une rupture totale de dialogue et un recourt à la violence devenu systémique. Après la bastonnade du 1er juin à la place du 1er Mai de centaines de médecins résidents lors de leur sit-in, le même accueil répressif attendait les résidents en sit-in national mercredi dernier à Oran. Aux 27 blessés avec certificat d'incapacité de travail, dont trois fractures et un cas grave de pneumothorax traumatique du 1er juin, s'ajoutent donc une dizaine d'autres blessés malmenés par les forces de l'ordre mercredi dernier. Quelle incidence sur la mobilisation des médecins grévistes ? «Il est clair que notre détermination est infaillible. Nous ne cèderons ni à la pression ni à la répression. Ce n'est pas une question de salaire ou de dédain, mais de se battre pour un système de santé qui soit digne de l'Algérie de 2011. Nous sommes en train de nous concerter pour mener à bien ce combat et nous nous dirigeons vers un arrêt des gardes», explique encore le docteur Yelles. La question du service civil, première revendication du Camra, est justement le nœud gordien de cette éventuelle refonte du système de santé algérien. Les médecins résidents ne se lassent pas de montrer du doigt ses failles et ses limites avérées. «Nous ne comprenons pas pourquoi les autorités refusent de lâcher du lest alors que c'est pour le bien des malades, des médecins, de notre système de santé !», s'interroge un médecin résident. L'échec du service est sur toutes les lèvres et les arguments ne manquent pas ! «Il n'a pas résolu le problème de la couverture sanitaire et il est obsolète et discriminatoire étant donné qu'il ne s'applique que sur les médecins spécialistes, alors que la loi porte sur toutes les corporations», explique un autre. A défaut de pouvoir en débattre sereinement avec les autorités concernées, le Camra participera aux assises nationales de la société civile organisées par le Conseil national économique et social qui débutera le 14 juin auxquelles il a été officiellement invité.