Cette nouvelle vision du zoning des praticiens de la santé profitera aux wilayas de l'intérieur du pays, celles du Sud essentiellement. Selon nos sources, la wilaya de Ouargla est classée première en la matière vu la priorité donnée aux spécialités les plus sollicitées par sa population et le nombre de praticiens affectés, à savoir 21 pour Ouargla chef-lieu de wilaya, 14 pour Touggourt, 6 pour Hassi Messaoud et 2 pour El Hadjira. Ces médecins viendront combler le déficit en médecins dans plusieurs spécialités de base et de pointe telles que la gynécologie, l'ophtalmologie, la pédiatrie, la chirurgie, la radiologie, l'épidémiologie, l'orthopédie, la psychiatrie, mais aussi la cancérologie avec la perspective de l'ouverture d'un centre pour cancéreux prochainement. Pour l'ophtalmologie en particulier, il est à noter que le secteur public était dépourvu jusque-là de spécialistes alors qu'il compte un centre de lutte contre la cécité, sachant que la wilaya recense quelque 1894 non-voyants et des milliers de malvoyants. « Du sang nouveau et un renforcement de la prise en charge de nos malades » commentera M. Itim, directeur de la santé de Ouargla, interrogé sur le déroulement de l'opération et son apport pour la wilaya. Il précise qu'une douzaine de médecins ont déjà été installés à leur poste au niveau des quatre secteurs sanitaires concernés en attendant l'arrivée imminente des autres. Notre interlocuteur se félicite de cette donne qui augure d'une nouvelle année sous de meilleurs auspices pour son secteur qui recourt depuis plusieurs années aux conventions massives avec les spécialistes privés à travers la wilaya, en plus de la collaboration de ceux de la santé militaire. Même si les nouvelles recrues du secteur de la santé viennent pour deux années uniquement (service civil) et que, passé ce délai, on ne peut pas toujours compter sur un remplacement dans les spécialités demandées, les responsables du secteur comptent sur des mesures attractives de la part des autorités locales et la demande croissante en soins dans une wilaya en plein boom démographique pour inciter les médecins à s'installer, en privé le cas échéant. Les plus pessimistes pensent qu'il s'agit là d'une solution temporaire et qu'une révision totale de la politique de recrutement des médecins spécialistes est à développer en prenant compte des spécificités du Sud. « Ce n'est pas pour un logement équipé ou un petit plus en salaire qu'un spécialiste laissera des structures sanitaires plus développées au Nord pour venir au Sud », expliquera M. Kadi, cadre du secteur et élu à l'APC de Ouargla. A propos des mesures d'incitation, il est à signaler que la wilaya de Ouargla a mis à la disposition des médecins des F3 entièrement équipés sur le budget de la wilaya. Le wali a même affirmé lors de la dernière session de l'APW son intention d'aller plus loin pour encourager les médecins spécialistes à demeurer dans la région. Pour rappel, le potentiel de la wilaya de Ouargla en médecins spécialistes est de 48 médecins pour le secteur public et 58 pour le secteur privé. Un besoin de 64 médecins spécialistes, soit plus de 100 % du potentiel disponible, est exprimé par la direction de la santé dans le seul secteur public.