L'Algérie et l'Union européenne ne sont pas parvenues à un accord pour le report de la zone de libre-échange à 2020 au lieu de 2017, a indiqué hier le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, en marge des premières assises de l'habitat et de l'urbanisme, selon l'APS. «L'Algérie a soumis des propositions écrites contenant des points clairs, mais le partenaire européen n'a pas accepté l'offre algérienne, qu'il a jugée insuffisante (…) On aurait souhaité parvenir à un accord, avant la tenue du conseil d'association, ce n'était pas possible mais les négociations se poursuivront», a-t-il affirmé en substance. Devant le refus confirmé par le ministre du Commerce, l'Algérie a suggéré un nouveau round de négociations avant la fin du mois en cours. «L'Algérie a demandé au partenaire européen de lui présenter une offre écrite que nous espérons obtenir bientôt», a fait savoir le ministre. Cet échec des négociations est un camouflet à l'Algérie dont de nombreux responsables avaient annoncé, dans la précipitation vraisemblablement, avoir convaincu des représentants de l'UE à accepter de reporter la zone de libre-échange à 2020, soit trois ans après la date prévue initialement. Début juin, le ministre du Commerce, lui-même, avait annoncé, en marge de la cérémonie d'inauguration de la Foire internationale d'Alger, que l'Algérie avait obtenu un avis favorable des instances de l'UE suite à sa requête pour le report de la zone de libre-échange. L'objectif de cette demande est d'accorder un sursis aux entreprises algériennes afin de se préparer aux changements qu'impliquera l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE, en vigueur depuis 2005 et qui prévoit un démantèlement tarifaire progressif jusqu'à l'arrivée de la zone de libre-échange. Mustapha Benbada avait même assuré qu'il ne restait «que quelques réglages» à effectuer. Le 14 juin dernier, un responsable du ministère des Affaires étrangères abondait dans le même sens dans une déclaration toujours à l'APS, en signalant que l'Algérie et l'Union européenne sont parvenues à un accord pour reporter le démantèlement tarifaire à 2020, qui sera peaufiné à partir de mercredi prochain à Bruxelles dans son aspect industriel lors des négociations du 5e round. «Le report du démantèlement tarifaire demandé par la partie algérienne est acquis, il reste seulement à finaliser le volet industriel les 15 et 16 juin à Bruxelles», avait soutenu ce responsable qui avait requis l'anonymat. Cette source avait rappelé que l'accord d'association accorde aux deux parties la possibilité de geler de trois années l'application de ce démantèlement si les échanges commerciaux sont déséquilibrés et profitent seulement à une seule partie. Les officiels algériens sont allés plus vite que la musique en annonçant le report de la zone de libre-échange. Le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Chérif Zaâf, avait été le premier à jeter un pavé dans la mare en affirmant que l'évaluation initiale de la mise en œuvre de l'accord démontre que la balance commerciale hors hydrocarbures reste «très déséquilibrée» en faveur de l'UE et une faiblesse des investissements européens. Il avait notamment fait remarquer que «pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars», précisant que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE restent «marginales» en s'établissant à un milliard de dollars en 2008, contre des importations de 20,8 milliards de dollars auprès de la même région.