L'avant-scène : une table voilée d'un morceau de tissu rouge sur laquelle sont allumées sept bougies, une écharpe blanche entourant cette même table et s'étirant jusqu'au tabouret sur lequel est posée la guitare noire du défunt Kamel Messaoudi. Son diwan est juste à côté, se distinguant de l'arrière-plan au rouge étincelant. La scène : la troupe polyphonique Ahl Nouba, un orchestre d'une vingtaine de musiciens et un écran électronique. La salle El Mougar fait le plein en cette soirée particulière du mercredi 21 décembre. Il s'agit de commémorer le 7e anniversaire du décès du regretté Kamel Messaoudi, dans un accident tragique, le 10 décembre 1998, avant de souffler sa 38e bougie. La mère du défunt, « Khalti Baya », est là, assise à côté de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, organisatrice de cette soirée. Elle a été récompensée par Mme la ministre. D'entrée, la troupe polyphonique émeut le public en reproduisant la célèbre chanson Echemaâ (La bougie), récitée avec conviction sur le mode sika sbania (flamenco). Ensuite, c'est au rossignol du sentimental, Mohamed Lamraoui, compagnon et ami de feu Messaoudi de livrer au public deux belles chansons, Ya hasra alik adanya (ô vie, comme tu es dure), Mali, malo, mal adanya. Et c'est à Nacereddine Gualiz de monter sur scène pour chanter Youm rana hna, ghedwa n'rohou (aujourd'hui, nous sommes-là, demain nous ne serons plus de ce monde). La soirée se poursuit avec d'autres chanteurs chaâbi, comme Nourreddine Allam, Sid Ali Lakam et Hocine Idriss. Le poète Kamel Charchar à qui appartiennent les paroles de 14 chansons de feu Messaoudi lit un poème fait sur la vie et l'Algérie des pauvres. Aussi, le talentueux poète Yacino Abed livre au public deux de ses nombreux poèmes, avec sa touche humoristique. La soirée, émouvante, se termine au rythme chaâbi avec d'autres chansons puisées du riche patrimoine artistique de Kamel Messaoudi, telle que Ataleb, reprise par le duo Lamraoui et Gualiz, chanson que Lamraoui avait chanté en duo avec Kamel Messaoudi. Mme Toumi remercie la maman qui a enfanté un homme de l'envergure de Kamel Messaoudi qui « a fait beaucoup pour la chanson chaâbi et l'Algérie ».