Le jusqu'au-boutisme de l'administration Chaque liste de bénéficiaires de logements suscite une large contestation. Les journées de lundi et mardi ont été pour tous les habitants de l'ex-cité du Stade, à Chebli (w. de Blida), des dates qu'ils ne sont pas près d'oublier. Les 96 heureux bénéficiaires ont quitté, sans regret, leurs bâtisses vétustes qui datent de l'indépendance pour des logements décents.Les autres, onze familles, ont refusé de sortir de leur maison. «Sortir pour aller où ?», s'indigne Larbi, fils de chahid et victime du terrorisme, ayant perdu deux frères durant la décennie noire. «J'ai cinq garçons et trois filles, tous en âge de se marier, et je n'ai pas eu de logement, alors que d'autres ne remplissant aucun critère, des jeunes célibataires ont bénéficié d'un appartement. J'estime que ce n'est pas juste !» «C'est une opération de relogement, nous précise un autre habitant en colère. Donc, normalement, tous les habitants de la cité du Stade auraient dû avoir un logement… Sans exception ! Nous n'avons rien demandé. Ce sont les autorités qui ont jugé que nos maisons devaient être détruites !» Le P/APC et le chef de la daïra de Bouinan, accompagnés des forces de l'ordre, sont venus sur les lieux pour assurer l'opération et assister à la démolition de l'ancienne cité du Stade. «Imaginez-vous, nous dit Abdelkader, quand les jeunes se sont adressés au président d'APC qui est censé être leur père, vu son âge et son poste, il leur a répondu avec son mépris et sa nonchalance habituels.» Lors d'une entrevue avec le chef de la daïra de Bouinan, ce dernier nous avait assuré, confirme un groupe de citoyens, qu'après les résultats des recours, les cas «repêchés» seront distribués aux locataires de la cité à détruire. Trois cas ont, en effet, été retenus par la commission d'enquête, leurs logements ont été attribués à des gens «qui n'ont rien à voir avec le relogement». De nombreux cas ont été cités par les protestataires : celui de cette vieille veuve propriétaire d'un logement vétuste et qui se voit «intégrée» avec le fils de son beau-fils dans un F2, ce jeune de 41 ans, marié et père de 3 enfants, qui n'a pas bénéficié de logement parce que quelqu'un d'autre qui porte le même nom de famille figure sur la liste, cette veuve de moudjahid et fille de moudjahid, avec deux enfants mariés qui louent des appartements, qui a été portée sur une première liste, puis rayée pour une raison inconnue. Les onze familles «protestataires» vivent, depuis lundi, au milieu des décombres, sans eau, sans électricité et sans mesures d'hygiène.