Le dossier Mohamed Gharbi commence à sérieusement s'entourer d'intrigues. La demande de libération conditionnelle de l'ancien moudjahid, condamné pour avoir tué un terroriste repenti qui le menaçait de mort, n'a toujours pas reçu de réponse. Plus de quatre mois après la remise de son dossier au directeur de la prison de Khenchela (où est détenu Mohamed Gharbi), qu'il a lui-même fait suivre au juge d'application des peines de la cour d'Oum El Bouaghi, le dossier semble s'être perdu dans le dédale de l'administration judiciaire. Où est-il vraiment ? Qui bloque la validation de la libération conditionnelle de l'ancien patriote ? Des questions qui tourmentent tous les sympathisants de la cause. Le ministre de la Justice, dans une déclaration à l'APS, expliquait, il y a près d'une semaine, que le dossier «sera» examiné par la commission d'application des peines du ministère de la Justice dès qu'il leur sera transmis. Comme pour rendre la situation encore plus vague, le ministre a également affirmé, cité par la même source, que «Mohamed Gharbi avait formulé une première demande pour bénéficier de la liberté conditionnelle motivée par des raisons de santé qui lui a été refusée». Ce qui ne correspond nullement aux déclarations faites depuis des mois par ses avocats qui soutiennent qu'une seule demande de libération a été formulée - sans aucune motivation médicale - qui reste à ce jour bloquée au ministère de la Justice. Le collectif de soutien LMG (Libérez Mohamed Gharbi) qui est au fait de toute la procédure judiciaire de cette demande de libération conditionnelle explique, de son côté, que «ce dossier est censé être depuis des mois sur les bureaux du ministère de la Justice et qu'il s'agit de la seule demande de libération qui ait été formulée par Mohamed Gharbi et qu'aucun dossier médical n'a été déposé» dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction. Les réponses du premier responsable du secteur de la justice aux inquiétudes qu'ils avaient tous formulées sur le retard de cette procédure n'ont d'ailleurs fait qu'accroître leur incompréhension. Alors que Mohamed Gharbi est censé être libérable depuis le 11 février dernier – date marquant ses dix années de prison, soit la moitié de sa peine – après avoir obtenu une grâce présidentielle ayant permis de commuer sa peine à 20 ans de réclusion, les lourdeurs administratives retardent et bloquent sa sortie. L'absence d'explications claires tourmente justement le groupe LMG qui a décidé de renforcer sa mobilisation. Plusieurs vidéos de sensibilisation circulent depuis des jours sur le net, et des centaines de lettres ont été envoyées au ministère de la Justice par les sympathisants de la cause qui revendiquent une réponse, fut-elle négative. Rien. «Nous sommes vraiment en colère, le dossier de Mohamed Gharbi est complet mais il est toujours bloqué au niveau du ministère, ce qui est inconcevable. Le groupe LMG ne cesse de s'agrandir, les médias étrangers nous contactent de partout, et nous avons promis à Mohamed Gharbi que le combat ne cessera pas jusqu'à sa libération et cela quel que soit le prix à payer», explique Khaled l'un des initiateurs de LMG. Un sit-in est justement prévu le 29 juin, à 13h à l'entrée du ministère de la Justice, «pour faire pression sur les autorités compétentes, afin qu'elles débloquent le dossier de cet ancien moudjahid». Les LMGistes espèrent ainsi le voir rejoindre sa famille à la fête de l'indépendance pour un Ramadhan apaisant. Ils ont établi «un autre plan d'action beaucoup plus percutant» pour l'après-5 Juillet, si sa demande de libération conditionnelle n'est toujours pas traitée d'ici là.