Il est interdit à partir de ce 1er janvier 2006 d'utiliser du sable de mer dans la construction. Comment le remplacer alors que la demande de sable de construction explose avec les programmes du million de logements en cours ? La solution de rechange n'est ni prête industriellement ni au point techniquement. Il s'agit de développer le sable à béton à partir des carrières. Or les investissements en broyeurs et autres équipements pour obtenir les spécifications de la classe granulaire du sable à béton n'ont pas été encore engagés par les exploitants de carrières. Le gouvernement n'a prévu aucune incitation économique pour pousser à la fabrication du sable concassé. Dans cette situation, les exploitants de carrière qui arrivent sans difficultés à écouler toute leur production de roches concassées aux tailles intermédiaires n'ont aucune raison de faire de nouvelles dépenses pour aller vers plus petit dans le concassage et produire du sable de béton. Le gouvernement est resté muet sur la question dans la loi de finances pour 2006. La pénurie du sable de construction va sans doute ralentir le rythme des réalisations dans le bâtiment en 2006 et en élever le coût. Pis, le procédé de fabrication du béton à base de sable de carrière pose problème. Le Cnerib a diffusé dans une brochure les spécifications qui permettent de l'obtenir. Dans les tests en réel, la teneur en fines normative n'a pu être obtenue qu'au prix d'un fléchissement de la résistance du béton produit. Les fines (ou filaires) sont des micro-matières (moins de 80 microns) nuisibles parce qu'elles détériorent la résistance du granulat. Il faut les réduire à moins de 15% dans le sable à béton, le plus souvent par voie humide (traitement par eau). Mais le procédé de fabrication de béton à base de sable de carrière s'en trouve perturbé lorsque le sable est déjà lavé, car il existe un ratio eau-ciment à ne pas dépasser faute de quoi le béton fléchit au test de résistance. La solution du coupage par adjuvants réducteurs d'humidité - éprouvée ailleurs - n'a pas encore été retenue par le ministère de l'Habitat sans doute pour des raisons de coûts. L'Algérie n'a jamais produit de béton à base de sable de carrière avant cette année. Elle y entre à tâtons sous l'urgence d'une demande explosive en granulats et d'une décision courageuse, mais non préparée de préservation salutaire du littoral. Le vrai risque devant autant d'improvisation est bien clair : le retour temporaire à l'exploitation du sable de mer dès l'année 2006.