Au moment où les prix des viandes rouges et des viandes blanches enregistrent une légère baisse, celui des fruits et légumes accuse une hausse vertigineuse. A en croire les dires de certains commerçants exerçant au marché communal de Bachedjerah, le comportement des consommateurs détermine la fixation des prix. « A l'approche de la fête du Sacrifice, les pères de famille dépensent avec parcimonie. Ils se privent de viandes et orientent leurs dépenses vers l'achat des légumes nécessaires à la consommation courante, afin de se préparer à l'achat du mouton », a expliqué un marchand. Toutefois, cette stratégie micro-économique, adoptée par les chefs de famille soucieux de défendre leurs frêles économies, est vite déjouée par les spéculateurs qui contrôlent le marché. « Ce sont les mandataires et les intermédiaires qui s'interposent le long du processus de la commercialisation de ces produits qui sont à l'origine de cette flambée des prix. Ils savent quand il faut hausser les prix et quand il faut les stabiliser », a déclaré le même marchand. En effet, les détenteurs des bourses modestes sont mis à rude épreuve. En sus des factures d'eau, de gaz et d'électricité qui s'avèrent très salées, ils doivent faire face à l'achat des légumes constituant leur alimentation de base. Néanmoins, cette situation critique s'est empirée. Les spéculateurs ont dû saisir l'opportunité pour majorer les prix des fruits et légumes. Pour le faire, ils évoquent les difficultés supposées rencontrées au cours de la récolte effectuée en temps pluvieux. « Ces mêmes spéculateurs prétendent que les exploitants agricoles n'engagent pas de main-d'œuvre au moment des précipitations, celle-ci leur reviendrait cher. En conséquence, la demande est nettement supérieure à l'offre et les prix augmentent nécessairement. Rien n'est plus faux. Ce sont eux qui commandent le marché en l'alimentant au compte-gouttes afin d'imposer leurs prix », a révélé le même interlocuteur. A titre d'exemple, juste après les dernières averses, les légumes de saison, entre autres la carotte et les navets, ont été cédés à 40 DA/kg. La salade à 60 DA et la pomme de terre à 30 DA. Présentement, les prix de la pomme de terre, de la carotte et des navets sont fixés autour de 25 DA/kg. Les autres légumes de saison se placent hors de la portée des ménages. Les fèves frôlent les 80 DA/kg. Les artichauts frisent les 70 DA. Les petits pois se vendent à partir de 100 DA/kg, les cardes et le fenouil également à 40 DA. Par contre, la tomate, la courgette et les piments se négocient respectivement à 65, 100 et 120 DA/kg. Les fruits relevant de la production locale, ainsi que ceux de l'importation, n'échappent pas à cette hausse démesurée des prix. L'orange et la mandarine affichent un prix à partir de 60 DA/kg, selon les choix. La pomme d'importation se vend à 140 DA et la locale à 120 DA. Le fruit jaune atteint les 110 DA. Les commerçants abordés expliquent la hausse des prix par le déséquilibre existant entre l'offre et la demande, d'une part. Et, ils évoquent l'absence des mécanismes de régulation du marché, à commencer par l'exploitant agricole jusqu'au consommateur d'autre part. « Les fluctuations qui affectent le marché ne sont pas spontanées. Elles sont orchestrées par les mandataires qui mettent une main basse sur le circuit de la commercialisation », a conclu le même interlocuteur.