De retour de Russie où il a rencontré son homologue Dmitri Medvedev, le président sud-africain, Jacob Zuma, a appelé, hier, une énième fois les rebelles libyens à entamer des négociations de paix «de toute urgence». «Nous avons souligné l'importance d'engager des négociations de toute urgence et nous avons demandé l'aide de l'OTAN pour convaincre le CNT de renoncer à certaines des conditions préalables qui rendent difficile, voire impossible, l'engagement du processus de négociation», a déclaré M. Zuma. «Nous avons été également très heureux de ce que le président Medvedev nous a assurés du soutien de son pays à la feuille de route de l'UA. Nous convenons que la solution militaire n'est pas la bonne façon de résoudre le problème», a ajouté le président sud-africain dans un communiqué. Jacob Zuma fait partie, rappelle-t-on, d'une équipe de négociateurs désignés par l'Union africaine (UA) pour faire adopter un plan de paix régional visant à mettre fin au conflit libyen. Ce plan appelle notamment les deux parties à se parler et envisage le déploiement d'une force de paix multinationale organisée par l'ONU pour superviser un cessez-le-feu. L'appel de Jacob Zuma a-t-il vraiment des chances d'être entendu ? Sans excès d'optimisme, c'est du 50/50 ! Il existe depuis au moins un mois des contacts réguliers entre Tripoli et Benghazi. Et eu égard au fait que la guerre s'enlise, il est possible que les deux parties optent, in fine, pour une solution à l'amiable (politique), ainsi que le souhaite l'Union africaine. Une chose est sûre : les contacts entre les partisans d'El Gueddafi et les membres du CNT se poursuivent actuellement dans plusieurs capitales européennes. Tout en confirmant l'information, le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères a affirmé, lundi, que l'objectif de son gouvernement est d'éviter aux Libyens l'effusion de sang et la guerre civile. «Le guide libyen encourage le dialogue et le supervise. Notre objectif est d'aboutir à une réconciliation entre les Libyens et éviter l'effusion de sang», a dit à la presse Khaled Kaaim. Ce «dialogue» entre le régime et les rebelles se tient dans plusieurs capitales arabes et européennes, a dit M. Kaaim, évoquant, entre autres, l'Italie. Les rebelles ont rejeté dimanche un accord-cadre sur les négociations préparé par l'UA pour la Libye parce que, ont-ils dit, cela permettrait à Mouammar El Gueddafi de rester au pouvoir. Mais le vice-ministre libyen a expliqué cette prise de position par le fait que le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion «ne parle pas d'une seule voie». «Le CNT n'est pas une entité homogène, il y a en son sein des factions différentes», a dit M. Kaaim, affirmant que la branche des Frères musulmans au sein des rebelles est «la plus impliquée» dans ces négociations. De son côté, le secrétaire général de l'OTAN a invité des représentants du Conseil national de transition (CNT), l'opposition libyenne, à des discussions le 13 juillet, pour la première fois, au siège bruxellois de l'Alliance atlantique, a indiqué mardi un diplomate allié. Leur visite a été approuvée par les ambassadeurs des 28 pays de l'OTAN. Sur le terrain, la France a finalement tenu compte des réserves émises par la Russie et l'OTAN concernant son initiative qui a consisté à parachuter des armes aux insurgés libyens. Elle a ainsi décidé, hier, de mettre fin carrément à l'opération. Au-delà, le ministère français de la Défense a laissé, hier, entrevoir des doutes sur la capacité de la rébellion à mener une grande offensive sur Tripoli, fief de Mouammar El Gueddafi, comme cela a été annoncé. A l'occasion, il a fait savoir que la campagne libyenne «interminable» coûte à la France environ «un million d'euros par jour». Les troupes loyales à El Gueddafi donnent l'impression de pouvoir tenir encore plusieurs semaines, voire même plusieurs mois.