En Libye, si ce n'est pas encore l'impasse, on y est presque. L'«effritement» de la «coalition» qui intervient militairement dans le pays,à coup de frappes «inutiles» et de bavures, laissait penser à un éventuel changement de cap dans le traitement de la crise. Africains et Russes s'y emploient déjà. De son retour de Russie où il était allé plaider le plan de paix pour la Libye élaboré par l'Union Africaine, auprès du président russe et des responsables de l'Otan, réunis à Sotchi (sur les bords de la mer Noire) dans le cadre du conseil Russie-Otan, le président sud-africain, Jacob Zuma, a appelé, hier les rebelles libyens à entamer des négociations de paix «de toute urgence». «Nous avons souligné l'importance d'engager des négociations de toute urgence, et nous avons demandé l'aide de l'Otan pour convaincre le CNT (Conseil national de transition) de renoncer à certaines des conditions préalables qui rendent difficile, voire impossible, l'engagement du processus de négociation», a déclaré M. Zuma qui fait partie d'une équipe de négociateurs désignés par l'Union Africaine pour faire adopter un plan de paix régional visant à mettre fin au conflit libyen. Un plan jusqu'à présent rejeté par les rebelles qui insistent sur le fait que le dirigeant Mouammar Kadhafi doit d'abord quitter le pouvoir. «Nous avons été également très heureux de ce que le président Medvedev nous a assuré du soutien de son pays à la feuille de route de l'UA. Nous convenons que la solution militaire n'est pas la bonne façon de résoudre le problème», a ajouté le président sud-africain. Durant sa visite à Sotchi, Jacob Zuma a également rencontré le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen. Il a déclaré que l'Afrique du Sud avait «réitéré (ses) préoccupations au sujet de la mauvaise interprétation de la résolution de l'ONU» autorisant une zone d'exclusion aérienne sur la Libye, qu'a utilisée l'Otan pour justifier sa campagne de bombardements». RUSSIE-OTAN : LA DISCORDE Si le recours à la force n'a pas mis encore fin au règne de Mouammar Kadhafi, qui refuse toute idée de départ, sur le terrain politique, l'échec est tout aussi patent. Premier couac, et de taille : la Russie et l'Otan ne sont pas parvenues à régler leurs différends sur les bombardements de l'Otan, à l'issue de la réunion. «Pour le moment, nous n'avons pas la même vision que l'Otan sur la manière de mettre en œuvre cette résolution», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse, en évoquant la résolution 1973 qui a autorisé le recours à la force en Libye. A l'Otan, «ils ont une opinion différente, selon laquelle la résolution 1973 permet à n'importe qui de faire n'importe quoi», a renchéri M. Lavrov, faisant, notamment référence à la livraison par la France d'armes aux rebelles libyens. «Faux», réplique le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, pour qui et «jusqu'à présent», la résolution a été mise en œuvre «avec succès». Il ira même jusqu'à défendre la «légitimité» de livraison d'armes - par la France - aux rebelles du CNT qui s'inscrit, selon ses dires, dans le cadre de la résolution. Sur le terrain, critiquée de toute part, la France a renoncé à parachuter des armes aux rebelles libyens, même si ces derniers peinent à progresser sur le terrain. «Ils l'ont été (les parachutages), il y a plusieurs semaines de cela, parce que des territoires organisent leur autonomie», a expliqué M. Longuet. «Cette autonomie leur permet d'établir des relations avec des partenaires extérieurs, y compris lorsqu'il s'agit de s'équiper en autodéfense» Le ministre français a aussi laissé entrevoir des doutes sur la capacité de la rébellion à mener une grande offensive sur Tripoli, fief de Mouammar Kadhafi.