Si le président de la République n'exclut pas d'appeler les Algériens à un référendum pour approuver ou désapprouver les réformes, l'opposition estime que «ce n'est que de la poudre aux yeux», pour reprendre les termes employés par le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Mostefa Bouchachi. Contacté hier par nos soins, M. Bouchachi pense que «jusqu'à présent, le régime donne l'impression qu'il ne veut pas changer». «Nous avons exprimé des réserves lorsque le chef de l'Etat a chargé Abdelkader Bensalah de présider la commission de consultation sur les réformes. Il fallait d'abord consulter les personnalités nationales compétentes pour choisir les invités ou, au mieux, organiser une conférence nationale où tout le monde participerait dans la transparence.» Ce qui laisse dire au président de la LADDH que «la commission dirigée par M. Bensalah n'a aucune légitimité». Et d'ajouter : «Ils n'ont fait que récolter les propositions et rédigeront seulement un rapport.» L'un des acteurs principaux de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) aurait souhaité, à l'instar de la Tunisie et de l'Egypte, que les réformes soient menées par des instances légitimes : «Les réformes politiques dans des pays de la région ont été conduites par des personnalités faisant partie d'instances indépendantes. En Algérie, en mettant en place une commission de consultation, le pouvoir, à travers cette démarche, semble faire croire qu'il n'a pas une volonté réelle pour le changement. Car les amendements de la Constitution, de la loi électorale, du code de wilaya et du code de l'information seront confiés à des institutions mal élues telles que l'Assemblée populaire nationale. Ces institutions ont toujours été l'alibi d'une démocratie de façade. Impossible de leur faire confiance. C'est comme si Moubarek demandait à l'Assemblée du peuple égyptien de réformer.» En guise de solution, M. Bouchachi propose «la formation d'un gouvernement d'union nationale pour entamer de vraies réformes». S'agissant de la possibilité de la tenue d'un référendum populaire, le président de la LADDH a indiqué qu'«en théorie, la pratique référendaire est une forme de démocratie directe, puisque s'adressant à l'ensemble du peuple. Mais dans un régime qui n'est pas démocratique, est-il possible de parler de référendum dans la transparence la plus totale ? Il faudrait d'abord donner des gages de bonne volonté». Même analyse du côté du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le chargé de communication de cette formation, Mohcine Belabbas, affirme que «rien de nouveau n'émane du Conseil des ministres de dimanche». Pour la formation de Saïd Sadi, «les réformes envisagées par le chef de l'Etat ne sont qu'une fuite en avant pour gagner du temps». «Nous sommes maintenant habitués à la kermesse politique de Bouteflika. En installant la commission de consultation sur les réformes, il a donné vie à des cadavres politiques. Nous avons l'impression qu'il viole les lois imposées par lui-même depuis 1999», a-t-il ajouté.