Nous ne savons pas », « il rentrera quand il le voudra », « la décision lui revient », « je ne suis pas sa conscience ». Un chapelet de phrases qui laissent le doute planer. Bouguerra Soltani, président du MSP et ministre d'Etat sans portefeuille, ne sait pas quand le chef de l'Etat regagnera le pays. Sinon, pas plus que Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du Président et secrétaire général du FLN. « Mon frère Abdelaziz Belkhadem a été clair hier (dimanche, ndlr) en disant que le Président rentrera dans trois ou quatre jours », a-t-il lâché, hier, lors d'une conférence de presse au siège national du parti. M. Soltani trouve « étrange » le fait que l'on insiste sur la date du retour du premier magistrat du pays. Il se dit « fier » que les affaires du pays continuent à être gérées en l'absence du Président. Le premier responsable du MSP ne dit pas comment ces affaires sont gérées ni qui assure l'intérim. M. Bouteflika les gère-t-il à distance ? Le président du MSP n'en sera que plus « heureux et content ». Abdelmadjid Menasra, chargé de la communication du MSP, estime qu'il est « normal » que le président de la République soit absent du pays pendant un mois. « Ça se passe dans tous les pays du monde. Le Président a le droit à un mois de congé et peut prendre un congé de maladie... », précise-t-il. Selon lui, l'insistance sur une telle question prouve que l'on confond « Président et Etat ». Juste après, M. Soltani dira que l'élaboration des textes de la charte dépend exclusivement de la décision du président Bouteflika. « C'est lui qui détient toutes les informations, car il est l'initiateur du projet », soutient-il. Cela ne veut-il pas dire qu'une absence prolongée du chef de l'Etat retardera encore l'application de la charte pour la paix et la réconciliation ? Pas de réponse. M. Menasra critique l'action gouvernementale. La commission politique qu'il préside souligne l'existence de « lenteurs » dans l'application du programme de la croissance économique. Le rapport de cette commission note également le recul des libertés, citant le rapport de Freedom House, ONG américaine qui a classé l'Algérie parmi les pays « non libres ». La commission parle également de l'échec des réformes politiques et de la non-consécration d'un syndicalisme capable de préserver l'intérêt des travailleurs. Griefs sans doute retenus contre le gouvernement Ouyahia dans lequel siègent des ministres du MSP. M. Soltani ne voit pas de contradiction entre être au gouvernement et critiquer son action. « Beaucoup parmi vous travaillent dans des journaux avec lesquels ils ne partagent pas la ligne éditoriale », souligne-t-il. Manière de dire que son parti n'est pas d'accord avec le mode de gestion d'Ouyahia. « Notre présence au gouvernement n'est pas une fatalité », ajoute-t-il. M. Menasra reconnaît, en revanche, qu'il y a des « dépassements » de la part de « certains » cadres des partis membres de l'Alliance présidentielle et que la « compétition politique entre partis a dégénéré » au point que cela risque de « freiner l'élan » de ce triumvirat.