A chaque fin d'année au format TU - Temps Universel -, commune mesure d'écoulement admise au niveau international, se repose le problème des identités en Algérie. A l'approche du basculement de calendrier, les uns font un gros bug et se coincent comme de jeunes vierges devant le mâle dominant, les autres font semblant de n'être pas là et d'autres encore prennent le temps comme il est, en se demandant ce qu'ils sont réellement. Cette année, le débat, faute de débat, s'est encore posé. Faut-il faire comme si 2006 n'existait pas en 2005 ? Faut-il célébrer le passage à une autre époque étant donné que l'Algérie ne compte pas mais subit ? S'il est effectivement toujours ridicule de voir des Algériens faire la queue devant les pâtisseries pour acheter une bûche, il est encore plus ridicule d'enlever le droit à quiconque de fêter une nouvelle année ou l'anniversaire de son chien, étant entendu que la guerre des positions est enterrée depuis le dernier référendum. En fait, le problème ne se poserait pas si les fêtes traditionnelles, étriquées par le consensus, n'étaient pas d'une tristesse infinie, consistant au mieux à allumer des bougies chinoises, au pire à manger de la rechta ou rigoler devant la tête tranchée d'un mouton. Pourquoi ? La réponse est dans la question : pour un certain nombre de musulmans, Algériens y compris, la fête tout court n'est pas une bonne chose, même si tout le monde est au fond d'accord que le Big Bang, qu'il soit d'origine divine ou physico-chimique, est avant tout un formidable feu d'artifice. Dans un pays qui se complaît dans l'immobilisme minéral du temps qui passe et aime se morfondre dans sa tristesse, il serait judicieux de fêter tous les calendriers, occidental, musulman et berbère, voire chinois ou sénégalais puisque l'heure est au rapprochement entre les peuples. Mais qui a dit que l'Algérien voulait se rapprocher ?