La contestation populaire commence à porter ses fruits en Syrie. Le gouvernement syrien a consenti à adopter dimanche un projet de loi autorisant le multipartisme pour «permettre l'alternance» du pouvoir. Le gouvernement «a adopté le projet de loi pour les partis (politiques) en Syrie dans le cadre des orientations du programme de réformes et dans le but d'enrichir la vie politique, la dynamiser et permettre l'alternance», a annoncé l'agence officielle Sana. «Le projet de loi stipule les objectifs et les principes essentiels régissant l'activité des partis, les conditions pour leur établissement ainsi que pour l'obtention d'une autorisation et les règles relatives à leur financement, leurs droits et leurs obligations», précise la même source. Il interdit tout parti fondé sur «des bases religieuses, tribales, locales, catégorielles, professionnelles ou à partir de discriminations, de race, de sexe ou de couleur» ou encore s'il est «issu d'une organisation ou d'un parti non syrien», selon l'agence. Le multipartisme est, rappelle-t-on, une revendication essentielle de l'opposition. Le parti Baas est au pouvoir en Syrie depuis 1963. Selon la Constitution il est «le dirigeant de l'Etat et de la société». Sur le terrain, la répression de la population ne s'est pas arrêtée. Bien au contraire. L'armée a arrêté plusieurs personnes après des manifestations dimanche soir dans différents quartiers de Damas, a annoncé hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres. «L'armée a arrêté dimanche neuf personnes dans le quartier de Hajar Al Assouad et de nombreux autres à Sahniyeh, à Damas», selon l'OSDH, qui dispose d'une liste de noms. «Des manifestants réclamant la chute du régime ont défilé dimanche soir à Hajar Al Assouad, de la mosquée Al Rahmane en direction de la rue de la Révolution, en réponse à une campagne d'arrestations menée auparavant par l'armée dans la capitale», a ajouté l'OSDH. Par ailleurs, «plus de 300 avocats se sont rassemblés au Palais de justice de Damas pour réclamer la libération d'avocats arrêtés et de prisonniers d'opinion», selon l'organisation de défense des droits de l'homme. Samedi, l'armée a encore arrêté au moins 26 Syriens dans le quartier damascène de Jouber, parmi eux de nombreuses personnes qui regagnaient leur domicile, a-t-on appris de même source. Au plan diplomatique, il est à signaler que l'Allemagne a eu des contacts avec des membres de l'opposition syrienne à Berlin et Damas, a indiqué hier un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schaefer. Lors de sa visite à Damas, le nouveau chargé de mission du ministère allemand des Affaires étrangères pour le Proche-Orient, Boris Ruge, a condamné également la répression par le gouvernement syrien des mouvements de contestation et averti la Syrie que les sanctions européennes contre le président syrien Bachar Al Assad et son entourage pourraient encore être renforcées. Berlin est une des premières capitales à faire état de ses contacts avec l'opposition, qui s'est déjà réunie à plusieurs reprises en Turquie. L'Allemagne assure pour un mois la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU.