Loin des feux de la rampe, les 26 adhérents des Léo-club Sétif-Scipion, qui font de l'action humanitaire leur cheval de bataille, mettent les bouchées doubles pour venir en aide aux familles nécessiteuses. Celles-ci auront ces jours-ci droit à un couffin qui leur permettra d'atténuer les frais d'un mois sacré marqué par les innombrables dépenses. Sans attendre le feu vert d'une «tutelle», les Léo placent au niveau de cinq superettes de l'antique Sitifis des coins de l'entraide et de la solidarité citoyennes. Convaincus par le message d'un groupe formé essentiellement de lycéens et étudiants des deux sexes, les consommateurs, qui apprécient la démarches de ces atypiques jeunes, inondent avec divers produits alimentaires les espaces du partage. Tablant sur une collecte de 60 couffins de 6000 DA l'unité, les prévisions des Léo sont dépassées. Réalisée en trois jours, l'opération se solde par ce chiffre éloquent de 140 couffins collectés. Cette performance réjouit ces humanistes ne cherchant ni éloges ni feux des projecteurs. La consistance des couffins de la solidarité citoyenne va faire, à n'en pas douter, plaisir à ces vulnérables non «répertoriés». Plus de 140 familles de Sétif et sa périphérie vont, à chaque tombée de la nuit, recevoir la visite de ces jeunes, un modèle devant faire des émules. Ayant sacrifié leurs vacances pour la bonne cause, les Léo de la capitale des Hauts-Plateaux vont plus loin. Ils ont non seulement décidé de donner une partie de leur collecte à un restaurant, mais se portent volontaires pour servir les démunis qui viendront rompre le jeûne dans ce resto du partage. Pour Amin Kanouni, président du club, venir en aide à autrui est le credo du groupe. Mohamed Amine Malek, le trésorier des Léo, considère que le collectif est au service des plus vulnérables de la société minée par l'égoïsme et l'occultation de l'autre. Humbles et modestes, les Léo des hautes plaines sétifiennes, qui ne veulent tirer aucun profit, ne manquent pas d'idées novatrices. Ils vont prochainement organiser une fête foraine, lancer une campagne de nettoiement des quartiers et ouvrir, à moyen terme, une boutique où les plus démunis pourraient s'habiller gratuitement. Notons, à toutes fins utiles, que les membres de l'association précitée ont dernièrement «porté secours» au tombeau de Scipion l'Africain, vandalisé par les uns et achevé par le silence des autres. Le toilettage du site abandonné à son triste sort et à l'agression des oisifs a été fortement apprécié du côté de Aïn Fouara. Il convient de savoir que ce site est un monument historique, datant de la fin du IIIe siècle avant J.-C., dédié au vainqueur de Hannibal lors de la deuxième guerre punique, responsable de la chute de Carthage, à savoir Scipion l'Africain (de l'illustre famille romaine P. Cornélius Scipia Africanus Major), situé à 1 km à l'ouest de la Citadelle romaine, en face de l'université, entouré par un nombre important d'habitations ; il n'a pas droit au même traitement réservé aux monuments historiques du genre. Au mépris donc de toutes les lois et de tous les appels lancés par les amoureux de l'histoire de l'Algérie, le mausolée a été transformé en dépotoir. Ce vestige a dû subir d'abord la sauvage implantation de maisons et autres constructions tout autour dans les années 1990, et voilà que maintenant, et malgré l'article 43 de la loi 04/98 datant du 15 juin 1998, définissant le patrimoine culturel et délimitant le périmètre de protection à plus de 200 m, ce monument historique, dont les effets du temps n'ont pu venir à bout, a, des années durant, enduré les actes de barbarie et d'ignorance humaine.